Je baillais à m’en décrocher la mâchoire. Par malchance le professeur me vit faire et me fusilla du regard. Cela devait un peu moins de deux heures qu’on l’écoutait nous raconter toutes les aventures de la Guerre Froide. Non pas que ça m’intéresse pas mais je commençais à trouver le temps long. Et apparemment je n’étais la seule.  De ma place je pouvais voir à peu près toute la classe. Je m’étais mise contre le mur du côté des fenêtres. J’avais donc une belle vue sur la majorité des élèves de cette classe. Et je n’étais pas la seule à trouver le cours ennuyeux et long. Je pouvais voir Amber et sa crique se refaire les ongles avec tout le nécessaire sur la table. De l’autre côté je pouvais voir Castiel dormir. D’après ce que j’ai vu, il dormait depuis le début du cours. Ça m’étonnait de le voir en cours lui qui séchait pour un rien. Je continuais à regarder les gens et je tombai sur le premier et tout particulièrement notre délégué principal, Nathaniel.  Il ne perdait pas une miette de ce que racontait le prof comme si sa vie en dépendait.

Je me désintéressai de la classe lorsque j’entendis la cloche sonnait. Je pris le peu d’affaire que j’avais sortir et les enfourna sans grande cérémonie dans mon sac. Et je sortis le plus vite possible .Je ne vis même pas le prof soupirer en me voyant passer. Je sortis dans la cours et m’étirai. Enfin en pause. Oui car j’avais une heure de libre car un de mes profs étaient en congé maladie. Je regardai la cours pour voir si un banc n’était pas libre mais malheureusement vu le beau temps, ils étaient déjà tous pris.

Après quelques minutes de réflexion, je décidai d’aller tenter ma chance du côté du jardin. Je croisai les doigts que Jade ne soit pas là car il avait une sainte horreur qu’on vienne dans son sanctuaire sacré.  Je me dirigeai vers le jardin tranquillement les mains dans les poches. Il faisait beau et j’étais de super bonne humeur. Depuis que j’avais déménagé de chez mon affreuse tante, ma vie était devenue beaucoup plus joyeuse. Je n’avais plus à m’inquiéter quand je rentrai à la maison. Plus besoin de faire profil bas et de manger en quatrième vitesse car ma tante ne voulait pas me voir.

Je soupirai mais de soulagement. Tout ça c’était derrière moi et je n’avais plus aucun problème. A part peut-être faire attention que Ander me saute pas dessus. Mais ça c’était une autre histoire. Je souris toute seule en arrivant dans le jardin. Je fis un petit tour rapide mais apparemment j’étais toute seule. Je m’installai au soleil, posai mon sac et enlevai ma veste. Je m’allongeai sur le dos, la tête sur mon sac. Je souris encore une fois en voyant un nuage en forme de tête de cheval.  

Je fermai les yeux et partis dans le monde des songes ou les Bisounours et les petits monstres cohabitaient en parfaite harmonie.

Je me baladais dans le pays du chocolat blanc et des roses rouges lorsque que je croisai un magnifique tigrou aux yeux d’un vert d’émeraude. Sans rien demander je l’embrassai et apparemment ce n’était pas la première fois. Nous embrassâmes comme des amants fougueux quand un raclement de gorge se fit entendre. Je l’avais  déjà entendu des centaines de fois ce raclement de gorge et un frisson me parcouru l’échine. Je me retournai tout doucement pour apercevoir un homme que je reconnaitrai entre mille. Il avait les yeux baignés de larmes et il me regardait avec toute la tristesse du monde. Il était déçu, il avait l’air d’avoir le cœur brisé. J’essayai de m’approcher de lui pour le consoler, pour me faire pardonner mais dès qu’il me vit bouger, il disparut dans un nuage blanc en forme de cheval. Maintenant c’était moi qui pleurait, je sentais mes larmes chaudes coulaient sur mon visage. Je me retournai pour voir le tigrou mais lui aussi avait disparu. J’étais seule, toute seule dans un monde que je connaissais à peine. Et là tout s’accéléra. Un tremblement de terre, non la terre qui s’effondrait sous moi à cause d’un marteau piqueur… un marteau piqueur ?

Je sursautai en ouvrant les yeux. Il me fallut quelques secondes pour comprendre où j’étais et qu’est-ce que je faisais et surtout pour vérifier que rien n’était en train de s’effondrer.  Je soupirai en me frottant les yeux.  Je venais de faire un rêve assez bizarre et je n’arrivais pas à m’en remettre. Il était si réel mais bon le pays du chocolat blanc n’existait pas, enfin je l’espérais. Par habitude je pris mon portable pour vérifier l’heure. Ah cela ne faisait même pas dix minutes que j’étais ici. Je vis aussi que j’avais un sms. Je l’ouvris pour découvrir que c’était un sms d’Aaron.

Et bha alors, ma nièce dort dans le jardin du lycée ? Pas assez dormit cette nuit peut-être ?

Je rigolais toute seule en voyant le message et commença à répondre. Mais je m’arrêtai après réflexion. Comment savait-il que j’étais dans le jardin ? Et comment pouvait-il savoir que je dormais. Je levai les yeux pour enfin regarder autour de moi. Je le vis un peu plus loin, assis en train de me regarder. Je lui fis de grand geste et me leva avec difficulté. Avant d’avancer vers lui je m’étirai un bon coup. Après ça je fis quelques enjambé en pas rapide et arrivai à sa hauteur. Je m’accroupi devant lui et en signe de bonjour, je lui ébouriffai les cheveux.

Salut ma tata ! Même pas j’ai super bien dormi, Badiane est resté sage ! Non c’est mon prof d’histoire qui m’a endormi. Et toi qu’est-ce que tu fais là ?

Je souris en voyant le SMS.  Je n’étais pas la seule à m’ennuyer en cours alors. Enfin je le comprenais, les mathématiques étaient une des matières où j’étais la plus paumée. C’était vraiment la seule matière que je ne comprenais pas l’utilité.


Je réfléchis aux nouveautés du lycée. C’est vrai que j’étais une petite curieuse ce qui me permettait de savoir beaucoup de choses dans le lycée. Mais bon ce n’était pas de ma faute aussi j’étais toujours au milieu de l’histoire ou pas loin. Hum qu’est-ce que Aaron en savait pas…

Tu diras bonjour à ta mère de ma part… Sinon euh j’ai entendu parler d’un concert pour le lycée… Sinon j’ai vu un nouveau prof d’histoire je crois un certain Zack, je l’ai pas encore vu mais il parait qu’il est beau gosse…  

Il y avait tellement de chose à dire que je voulais dire que ça se bousculait dans ma tête. J’avais envie de lui parler de Ander bien sûr, de Scott aussi de Roxie évidement mais aussi du nouveau, Julian ne le laissait pas indifférent si j’avais bien compris. Mais j’avais peur de l’assommer de pleins de question et qu’il se ferme comme une huître. Déjà que mon ami était déjà bien timide et ne se confiait pas beaucoup. Mais ça ne nous empêchait pas de passer de bons moments.

Mon portable vibra mais je savais que ce n’était pas Aaron vu qu’il était juste en face de moi. Je le déverrouillai et fit une grimaça en voyant un message d’avertissement. Je n’avais presque plus de batterie, voire plus du tout. Je regardai Aaron en faisant la moue.

Euh Aaron j’ai plus de batterie...