Le bruit des crayons qui grattaient sur les feuilles de papier résonnait dans toute la classe autant que dans ma tête. Je prenais des notes, écoutant la moindre parole du professeur pour retenir le maximum de la leçon. Je jetai un regard vers la fenêtre où le soleil laissait entrer de beaux rayons lumineux qui faisaient des reflets sur les murs et au plafond. La cloche sonna et je rangeais mes affaires dans mon sac avant de le balancer sur mon dos. C'était le dernier cours et je n'avais pas envie de rentrer tout de suite chez moi. Le soleil me paraissait tellement réchauffant que rester un peu le voir sur le toit me tentait beaucoup. Je montai les escaliers jusqu'au toit et ouvrai la porte métallisée. Une rafale de vent me balaya les cheveux et rafraichit mon visage. Je m'approchai de la grille qui empêchait toute chute. On pouvait voir une bonne partie de la ville. Je m'assis, adossée au mur et levai les yeux vers le ciel. Il n'y avait presque aucun nuage et le soleil cognait fort, mais l'air était rendu agréable par le vent frais. Ça me donnait envie d'écrire un morceau et je sortis le cahier de musique que Sheitan m'avait offert. J'attrapai un crayon venant de mon sac et je commençai à écrire en chantonnant quelques notes pour voir si cela rendait plutôt bien. Il était dur d'écrire sans aucun instrument pour voir le rendu mais rien qu'en m'imaginant le son du piano et la sensation des touches sous mes doigts, je visualisai parfaitement la mélodie.

" La... Non, ici un Ré serait beaucoup mieux. "

Si ça n'avait tenue qu'à elle, Okimi ne serait certainement pas aller en cours ! Sauf qu'elle avait déjà manqué trop d'heure et que la directrice lui avait donné des retenues. La jeune fille avait donc été obligée de se rendre en classe pour étudier des matières qu'elle jugeait aussi bien ennuyantes qu'inutiles. Lorsque la cloche sonna la fin des cours, elle regarda par la fenêtre en soupirant. Il faisait un temps magnifique mais elle était obligé d'attendre dans le lycée pour faire ses heures de retenues. Y avait de quoi être en colère mais Okimi évita de tout détruire. Elle se dirigea vers le toit, seule endroit où elle pourrait pleinement profiter des rayons du soleil sans être obligée de voir tout le monde sortir. La jeune fille ouvrit la porte métallique et remarqua la présence de Sawako. Elle sourit et s'approcha doucement, ne voulant pas déranger son amie qui avait l'air en pleine composition. Okimi s'assit sur le sol, le dos appuyé contre la rambarde de sécurité et sourit à Sawako.

- Je te dérange ?

Si c'était le cas, elle pouvait descendre dans le couloir et attendre devant la salle d'étude mais cela aurait été beaucoup moins intéressant que de parler un peu avec son amie. Sinon, elle pouvait toujours attendre ici que la jeune fille ait fini de composer.

J'entendis la porte s'ouvrir et me tournai vers la personne qui venait d'entrer aprés avoir fini de noter la note que je venais de chantonner. Okimi s'approcha en souriant et je lui souris à mon tour. Elle s'assit et je me demanda:

- Je te dérange ?

Je secouai la tête. Elle ne me dérangeait absolument pas, et c'était toujours un plaisir de pouvoir la voir et lui parler.

- Bien sûr que non !  

Je fermai le cahier et rangeai le crayon. Je levai la tête vers le ciel ensoleillé. Ces rayons m'éblouissaient un peu mais cela était particulièrement réchauffant et agréable.

- Tu es venue profiter du soleil, toi aussi ?

Un nuage passa un instant devant le soleil et un moment d'obscurité tomba sur le toit avant que le nuage ne se pousse et parte comme s'il n'était jamais venu.

Sawako secoua la tête faisant sourire encore plus Okimi. Yes, la jeune fille allait passer un peu de bon temps avant d'aller en retenue ! Ca la rendait un peu plus joyeuse.

- Bien sûr que non !  

Elle rangea son cahier et son crayon. Okimi se tourna vers la rambarde et regarda la cour en contre-bas. Il n'y avait plus grand monde car la plupart des élèves étaient rentré chez eux.

- Tu es venue profiter du soleil, toi aussi ?

Okimi hocha la tête sans perdre son sourire.

- Oui ! En attendant d'aller en retenue !

La jeune fille éclata de rire comme si ça ne lui faisait rien. De toute façon, c'était pas comme si c'était la première fois qu'elle y allait. Okimi tourna la tête en souriant

- Et toi ? Tu ne rentres pas chez toi ?

Après tout, Sawako pouvait aller au parc ou à la plage pour profiter du soleil. Mais bon, elle faisait ce qu'elle voulait ! Et puis, au moins, Okimi avait un peu de compagnie ! Et elle appréciait Sawako.

Okimi éclata de rire, me faisant parvenir un peu de sa joie et me mettant un peu plus de bonne humeur.

- Et toi ? Tu ne rentres pas chez toi ?

Je regardai dans le vide, comme si il y avait quelque chose de particulièrement attirant alors qu'il n'y avait rien de bien intéressant.

- Non, je n'ai pas envie d'y aller maintenant... Je préfère attendre encore un moment ici. Je n'ai pas vraiment de raison...

Je tournai la tête vers elle, d'un air étonné.

- Qu'est-ce que tu as fait pour avoir une retenue ?

Elle m'avait l'air vraiment de bonne humeur, ce n'était donc peut être pas trop grave ce qu'elle devait avoir fait, non ? Enfin, il y avait des gens qui avaient eu tellement d'heures de colle qu'ils commençaient à ne plus rien avoir à y faire....

Sawako se tourna aussi vers le vide. Les deux adolescentes regardaient la cour désormais vide de toute vie humaine.

- Non, je n'ai pas envie d'y aller maintenant... Je préfère attendre encore un moment ici. Je n'ai pas vraiment de raison...  

Okimi hocha la tête. Son amie n'avait pas vraiment envie de rentrer chez-elle ... Elle comprenait ça étant donné que la seule chose qui attendait Okimi dans son studio était son chat ...

- Qu'est-ce que tu as fait pour avoir une retenue ?  

La jeune fille sourit joyeusement. Elle avait une retenue pour avoir pris du bon temps au lieu de venir en cours ! En gros, elle avait séchée oui !

- J'ai pas assister à plusieurs cours pendant quelques jours ! Enfin, c'est pas grave ! J'ai l'habitude et on croise pleins de gens en retenues !

Ce n'était pas vraiment une raison pour y aller mais en même temps, si les profs étaient plus intéressant peut-être qu'Okimi se présenterais à leur cours avec le sourire. Et puis, elle avait des notes corrects alors de quoi se plaignait la directrice ?

- J'imagine que tu n'as jamais été collée toi ?

Okimi sourit une nouvelle fois à son amie. Sawako avait l'air d'être une sorte d'élève modèle. Vu sa timidité, elle devait se présenter à tout les cours. A côté, Okimi passait pour une rebelle, ce qu'elle n'était pas. Elle était juste une fille que les cours n’intéressait pas.

Je souris en regardant mon amie qui elle même souriait. Son humeur était vraiment communicative.

- J'ai pas assister à plusieurs cours pendant quelques jours ! Enfin, c'est pas grave ! J'ai l'habitude et on croise pleins de gens en retenues !

Ah, elle avait séché. Elle avait apparemment l'habitude, c'est pour cela qu'elle souriait joyeusement. J'allongeai mes jambes sur le sol qui devait être froid d'habitude mais là était quasiment brulant.

-J'imagine que tu n'as jamais été collée toi ?

Je hochai la tête. Effectivement, je n'avais jamais été collée et je n'avais jamais sécher les cours, de peur de décevoir ma tante et même avant, mes parents. De plus, je n'aimais pas trop me faire remarquer. Je glissai mes mains sous mes jambes, le sol commençait à être vraiment chaud.

- Oui, je n'ai jamais été collée. Et je pense que c'est mieux comme ça... Ah, si, en fait, une fois, au collège mais j'avais oublié plusieurs fois mon cahier et c'est tout... Au final, la professeur n'était pas là et je ne l'ai donc pas faite.

Je repensais aux récents évènements. L'hôpital, la déclaration d'Okimi et la réponse de Haku... Assez floue.

- Comment va ton ventre ?

Je m'inquiétai, et l'idée qu'elle soit encore blessée ou que cela se soit mal cicatrisé me rendait mal à l'aise.

- Oui, je n'ai jamais été collée. Et je pense que c'est mieux comme ça... Ah, si, en fait, une fois, au collège mais j'avais oublié plusieurs fois mon cahier et c'est tout... Au final, la professeur n'était pas là et je ne l'ai donc pas faite.

Okimi rit. C'était assez mignon comme histoire. Et assez ridicule. Franchement, mettre une heure de colle pour avoir oublié son cahier ... c'était totalement stupide. Okimi leva la tête vers le ciel, les yeux fermé, profitant de la morsure du soleil sur sa peau.

- Comment va ton ventre ?

La jeune fille écarquilla les yeux, surprise de la question, et regarda son amie. Elle ne s'attendait absolument pas à ce que Sawako lui pose la question.

- Ca va ! Il reste une cicatrice mais c'est pas la première que j'aurais ...

Okimi soupira, faussement déçue. Elle ne voulait pas pleurer sur son sort, c'était stupide de se lamenter pour tout et rien.

- Tant pis pour mon corps de rêve ...

Puis elle éclata de rire à croire qu'un rien pouvait la faire marrer même la vie et la mort. C'était pas vraiment ça. Okimi était juste d'un optimiste et d'un sens de l'humour à toute épreuve. Enfin, peut être pas à toute épreuve ... C'était surtout de l'autodérision.

Je fus prise au dépourvu par le rire qu'elle lança alors. Je lançai un sourire triste, comprenant seulement la moitié de la blague, n'ayant aucun sens de l'humour et prenant tout au premier degré.

- Ah, oui, c'est sûr... C'est triste...

Je réfléchis un instant, remuant mes pieds et suivant leurs mouvements incertains.

- Et... Haku ? Comment va-t-il ? Il s'en sort bien ?

Je n'avais pas eu l'occasion de le revoir depuis l'hôpital et je n'étais même pas sûre de savoir si j'aurais assez de courage pour aller lui demander si je le croisais dans la rue. Je préférais donc m'adresser à une personne qui m'avait l'air proche de lui. Et ressentait de forts sentiments pour lui. Ne voulant pas faire perdre à Okimi son sourire, j'avais légèrement hésité à poser cette question qui me titillait pourtant depuis un moment.

- Et... Haku ? Comment va-t-il ? Il s'en sort bien ?

Le sourire d'Okimi se fana légèrement. Elle ne s'attendait pas à cette question. La jeune fille ramena ses jambes contre elle et posa sa tête dessus en soupirant. Répondre à la question de Sawako allait être compliqué puisqu'Okimi ne savait pas si Haku allait bien ou non.

- Il ... J'imagine qu'il va bien vu qu'il s'est enfui de l’hôpital ...

Il avait dit que c'était pour être avec elle et même si elle avait été flattée, elle avait pas forcément approuvé ... Alors la jeune fille tentait de se convaincre qu'il allait bien ce qui s'avérait un peu compliqué étant donné que le jeune homme restait plutôt secret en ce qui concernait son état de santé.

- Enfin, quand je l'ai vu, il allait bien !

Aussi bien qu'on peut aller avec un bras en moins et des blessures ... Okimi n'était pas convaincu malgré qu'elle sache que Haku était résistant. La jeune fille chassa les mauvaises pensées de son esprit et se remit à sourire. Elle ne voulait pas que Sawa s'inquiète pour eux.

- Et toi ? Tu t'es remises du choc ?

Sawako les avaient quand même découvert couverts de sang alors qu'elle se promenait tranquillement ...

L'expression d'Okimi était tellement triste... En même temps, elle l'aimait, on ne pouvait pas dire qu'elle allait joyeusement le dire... Mais peu importe à quel point je le savais à l'avance, cela était toujours douloureux de voir une telle expression. Cela ne m'étonnait pas du tout que le jeune homme s'était enfui de l'hôpital. En même temps, je l'avais déjà vu plusieurs fois prendre la fuite comme cela.

- Et toi ? Tu t'es remises du choc ?

Je hochai doucement la tête et quelques uns de mes mèches se placèrent devant mes yeux.

- Oui... Même si ça m'a rappelé des mauvais souvenirs...

Le sang, tout cela... La raison pour laquelle je ne pourrais plus jamais reprendre la voiture... J'y pensais tristement, même si je ne voulais pas me démoraliser, pour ma mère...

- Je... Je n'ai aucune idée de ce que tu peux ressentir envers Haku... Qu'est-ce que c'est ?

Cela me trottait dans la tête depuis un moment. Je n'avais jamais aimer... Ni attirée par personne. Je ne savais pas et cela me frustrait... J'avais envie de savoir. D'aimer... D'être aimée.

Sawako hocha la tête, faisant retrouver un semblant de joie à Okimi. Au moins, elle n'allait pas rester marquée à vie parce qu'elle avait vu.

- Oui... Même si ça m'a rappelé des mauvais souvenirs...

Okimi la regarda. Les mauvais souvenirs ... Elle en savait quelques choses mais il ne fallait pas qu'elle y pense. Pas maintenant ! La voix de Sawa la tira de ses pensées

- Je... Je n'ai aucune idée de ce que tu peux ressentir envers Haku... Qu'est-ce que c'est ?

Okimi rit doucement. En voila une question étrange ! Comment pouvait-elle y répondre ? Ce qu'elle ressentait pour Haku était indescriptible. Elle l'aimait oui c'était sur ! Elle l'aimait plus qu'elle avait aimé Seto. Mais comment décrire ce sentiment ? Elle ne pouvait pas l'expliquer. Il fallait que Sawa ressente ça pour le comprendre. Okimi la fixa pendant un moment puis se tourna vers son amie, s'asseyant en tailleur.

- Je peux pas te le définir alors on va essayer de te le faire ressentir ...

La jeune fille se tut un moment, réfléchissant à ce qu'elle pouvait dire.

- Y a-t-il quelqu'un qui te met bien juste quand tu es avec ? Qui te rend à l'aise ? Qui te fait sourire sans rien dire ? Pour qui tu t'inquiète quand il est pas là ?

Cela devait donner l'impression d'être un interrogatoire et encore ! Okimi en avait tellement d'autre en réserve !

Je sentais mes joues rosir en entendant le rire d'Okimi. J' aurais bien voulu ravaler mes paroles, faire qu'elles disparaissent, comme si je n'avais jamais posé cette question dérangeante. La jeune fille en face de moi s'assit en tailleur.

- Je peux pas te le définir alors on va essayer de te le faire ressentir ...

Je penchai ma tête, interloquée.

- Me le faire ressentir, comment ça ?

Elle enchaîna sur une tirade de questions plus ou moins compliquées à répondre.

- Y a-t-il quelqu'un qui te met bien juste quand tu es avec ? Qui te rend à l'aise ? Qui te fait sourire sans rien dire ? Pour qui tu t'inquiète quand il est pas là ?

Cela m'étourdit un peu, comme une sorte d'interrogatoire, mais en beaucoup plus embarrassant à répondre. Mes joues se mirent à devenir écarlate et je regardai le sol, comme pour éviter le regard d'Okimi.

- Euh... Il y a peut être quelqu'un comme ça...

Encore une fois, j'avais parler sans vraiment réfléchir, mais c'était agréable de pouvoir parler en vidant son esprit comme ça. Agréable...

Okimi regarda Sawako, attendant qu'elle réponde. Celle-ci avait baissé les yeux, les joues rouges, sans doute gênée. Okimi se sentit un peu honteuse de lui en demander tant mais c'était la seule façon qu'elle avait pour montrer à Sawako ce qu'elle ressentait pour Haku.

- Euh... Il y a peut être quelqu'un comme ça...  

Okimi écarquilla les yeux et sourit. Elle pencha la tête sur le côté, contente pour son amie.  

- Tu peux me dire qui c'est ?

Elle ne voulait pas forcer son amie mais, vu la timidité de celle-ci, elle n'avouerait jamais ses sentiments et Okimi voulait l'aider ! Sawako méritait d'être heureuse.

- Je pourrais t'aider à avouer ! Ou pas ! C'est comme tu veux !

Sawako pouvait tout raconter à Okimi, cette dernière ne la jugerait pas et surtout, elle n'insisterait jamais pour qu'on lui raconte quelques chose. Elle n'était pas du genre à écouter les gens mais Sawako était son amie et la jeune fille était prête à écouter ceux qu'elle aimait.

- Si tu ne veux pas, ne dis rien ! Je n'insisterais pas !

Elle sourit de nouveau, attendant la réponse de son amie.

Je restais là, méditant sur mes paroles. Je relevai la tête vers Okimi qui je vis écarquiller les yeux et sourire.

- Tu peux me dire qui c'est ?

Elle sentait que son amie voulait l'aider. Mais rien que pensait à cette personne la rendait nerveuse et la faisait rougir jusqu'aux oreilles.

- Je pourrais t'aider à avouer ! Ou pas ! C'est comme tu veux !

Ces paroles me rendaient folle de joie.

- Tu pourrais ?

Un élan d'espoir s'empara de moi, comme si je pouvais faire n'importe quoi, comme soulever une montagne, si j'étais soutenue par une amie.

- Si tu ne veux pas, ne dis rien ! Je n'insisterais pas !

Je regardais mon amie sourire, mais je rebaissais la tête.

- Ce serait génial, si tu pouvais m'aider... Le seul problème, c'est que je ne connais pas son nom... Mais à chaque fois que je le vois, je me sens tellement heureuse...

Je baissai les yeux encore plus vers le sol, pour au final, mettre ma tête entre mes bras, le visage totalement carbonisé. Je n'étais pas vraiment douée pour les histoires de cœur...

Sawako baissa de nouveau la tête. Okimi lui posa une main sur l'épaule en souriant. Bien sur qu'elle pourrait l'aider ! Elle le voulait, elle le ferait ! Elle était prête à enfiler un costume de Cupidon s'il le fallait !

- Ce serait génial, si tu pouvais m'aider... Le seul problème, c'est que je ne connais pas son nom... Mais à chaque fois que je le vois, je me sens tellement heureuse...

Sawako cacha sa tête entre ses bras, le visage rouge. Okimi lui releva la tête et la fixa dans les yeux, commençant à élaborer des plans dans sa tête en tenant compte de la timidité de son amie et du fait que la présence du garçon allait peut être la mettre encore plus mal-a-l'aise. Mais Okimi s'arrangerait pour détendre son amie.

- Alors Sawa ... On va d'abord faire en sorte de vous rapprocher ! Et ensuite, on verra pour la déclaration !

Okimi ne connaissait pas ce garçon mais vu qu'elle se socialisait facilement, ça n'allait pas être trop compliquée pour elle de faire rencontrer les deux !

- On peut le trouver où ?

La jeune fille était prête à se lever et à aller commencer cette possible histoire d'amour quitta à ne pas faire ses heures de colles et à en recevoir encore plus avec un avertissement. Elle voulait juste aider son amie !

Mon amie me releva la tête et me fixa. Elle semblait réfléchir à quelque chose, un plan sûrement pour pouvoir m'aider. J'étais un peu gêné de demander de l'aide à mon amie pour ce genre de choses...

- Alors Sawa ... On va d'abord faire en sorte de vous rapprocher ! Et ensuite, on verra pour la déclaration !

Ah, elle avait apparemment une idée en tête...

- C-Comment ça ?

J'écarquillai les yeux.

- On peut le trouver où ?

Je compris à présent l'idée de mon amie. Elle était tellement motivée pour que j'aille le voir qu'un sourire innocent se dessina sur mon visage. Puis il disparut un instant face à la question. Je le voyais souvent, ce que je savais, c'était juste que c'était un lycéen... Et en plus, si elle voulait qu'on aille le voir à cette heure, ce ne serait pas possible, puisque nous étions les seules dans l'établissement, maintenant...

- Je ne sais pas... Je le voyais souvent au lycée...

J'entortillai une de mes mèches de cheveux autour de mon doigt, geste significatif d'un certain embarras.

- Que comptes-tu faire ?

Le cerveau d'Okimi tournait à pleins régime. Elle élaborait des dizaines de plans qui s'effondraient et se reformaient en chaîne. Elle avait vraiment l'impression d'être un petit génie ou bien Cupidon, elle hésitait encore entre les deux.

- Je ne sais pas... Je le voyais souvent au lycée...

Okimi la regarda. Bon, il devait sans doute avoir quitté l'école en même temps que les autres élèves.Elle changea peu à peu ses plans alors que Sawako enroulait une mèches de cheveux autour de son doigts. Elle était peut être embarrassé qu'Okimi prenne ainsi les devants.

- Que comptes-tu faire ?

La jeune fille pencha la tête sur le côté en souriant. C'était une excellente question à laquelle elle réfléchissait toujours. Mais peu à peu, son cerveau en venait à un plan peut-être pas excellent mais qui pourrait rapprocher Sawako de se mystérieux garçon.

- Je vais te coller aux basques pour que tu me dises où est ce garçon quand on le verra et ensuite, on ira lui parler ! Y a des tonnes de façon de rencontrer des gens ! Ensuite, je te présente, je reste un moment le temps de lancer une discussion puis je m'éclipse doucement pour une raison quelconque !

C'était un plan plutôt ingénieux du point de vue de celle qui venait de l'élaborer. Elle voulait vraiment aider son amie à trouver l'amour. Et si jamais ce garçon était un pauvre nul qui la ferait souffrir, Okimi se chargerait très personnellement de lui régler son compte. Personne ne faisait souffrir ses amis !

J'attendais la réponse, légèrement inquiète de ce qu'elle allait répondre. On ne savait jamais ce qui pouvait lui passer par la tête...

- Je vais te coller aux basques pour que tu me dises où est ce garçon quand on le verra et ensuite, on ira lui parler ! Y a des tonnes de façon de rencontrer des gens ! Ensuite, je te présente, je reste un moment le temps de lancer une discussion puis je m'éclipse doucement pour une raison quelconque !

Je rougis. Son plan semblait absolument sans faille... Mais alors pourquoi avais-je l'impression que quelque chose n'allait pas...

- Tu vas t'éclipser ? Ah, non, me laisse pas seule !

Cette idée m'angoissait. La solitude me faisait peur. Je ne sais pas si je pourrais le surmonter seule. Même si ce n'était qu'une histoire d'amour, cela me stressait à un point inimaginable. Un véritable enfer...

Pour Okimi, c'était un plan vraiment super ! Bon il était possible qu'il ne marche pas mais, pour le moment, la jeune fille ne voyait qu'une fin heureuse à cette histoire. Après tout, Sawako était une fille toute gentille et toute mignonne, il n'y avait aucune raison pour que ce garçon ne l'aime pas ! Tel était la façon de penser d'Okimi.

- Tu vas t'éclipser ? Ah, non, me laisse pas seule !

La jeune fille rit face à l’innocence de son amie. Bien sur que non ! Elle n'allait pas la laisser toute seule si Sawako était encore trop nerveuse selon les critères d'Okimi.

- Mais ne t'en fais pas ma puce ! Je ne te laisserais que lorsque je verrais que tu seras à l'aise avec ce garçon !

Okimi posa gentiment sa main sur la joue de Sawako sans cesser de sourire. Les deux filles pourraient très bien commencer à parler avec ce garçon demain ! Okimi sentait qu'elle allait bien s'amuser à tenter de former un nouveau couple ! Elle se balança doucement de droite à gauche, souriant toujours, pressée de commencer le rapprochement ! C'était un peu comme si elle suivait une série sauf que là, elle pouvait intervenir !

Okimi rit et malgré mon angoisse, il me parut agréable... Son rire était cristallin, léger, comme le son d'un instrument de musique que j'avais entendu quand j'étais petite, peut être même encore dans un berceau. Il me rassurait et m'apaisait, comme le chant d'une mère qui vous berce. Je fus soulager à l'instant où elle me dit qu'elle ne me laisserai pas tomber ainsi et qu'elle me soutiendrai jusqu'à ce que je sois un peu plus à l'aise. Je soupirai, sentant tout le stress que j'avais accumulé s'échapper d'un seul coup, comme à chaque fois qu'une situation que je ne pouvais pas résoudre trouvait une solution. Cela allait beaucoup mieux, maintenant. Je me relevai doucement, mes jambes commençant à lentement s'engourdir.

- Ouff... Ça me rassure... Merci beaucoup Okimi !

Je lui souris. M'approchant du bord et de la grille de sécurité, je me mis dans le vent frais. Fermant les yeux, j'en profitais pleinement. Lorsque je sentis le vent, le sentiment d'apaisement que je ressentais s'accentua et je me sentis libre, comme un oiseau qui vole dans le ciel, loin au dessus des nuages... Je me sentais bien. Je m'étais faite une véritable amie. Mes remerciements n'étaient pas vraiment pour tout le soutien qu'elle me fournissait avec cet amour qui ne réussira peut être pas. C'était des remerciements pour bien plus que ça. Pour être mon amie, pour m'accepter comme je suis.

- Merci, vraiment.

Je me retournai en ouvrant les yeux pour pouvoir faire face à mon amie. Je lui devais tellement... Beaucoup plus que ce que j'aurais pensé, d'ailleurs, avant d'arriver en France, si j'avais une amie un jour. Elle m'avait donné le bonheur et voulait m'aider à être encore plus heureuse. C'était vraiment super. Quelques nuages étaient apparus et défilaient dans le ciel et pourtant, mon bonheur lui n'était pas couvert. Il éclatait à l'intérieur de moi, m'arrachant un de ses sourires satisfaits et vrais. Je remis mes cheveux en place, en partie ceux qui étaient long et s'étaient mis dans ma frange. En pensant aux évènements qui allaient se passer lors des prochains jours, des nombreux moments d'amitié avec Okimi, je ne pus m'empêcher d'être excité et d'avoir envie d'être au lendemain.

- J'ai hâte d'être à demain !

Sawako soupira puis se leva. Okimi resta assise sur le sol, profitant de la chaleur qui se répandait sur ses jambes nues.

- Ouff... Ça me rassure... Merci beaucoup Okimi !  

- Deriiiiien !

Okimi avait presque chantonné. Elle se sentait joyeuse. Parler avec Sawako lui avait fait du bien. Il allait maintenant falloir qu'elle aille faire ses heures de retenues ... Ce n'était pas que ça l'enchantait mais ça ne la dérangeait plus tellement maintenant.

- Merci, vraiment.  

Okimi ne répondit rien. Le sourire de son amie était suffisant comme remerciement. Sawako se tourna vers elle. Okimi lui sourit.

- J'ai hâte d'être à demain !

- Moi aussi !

La jeune fille se leva et s'approcha pour enlacer Sawako. Il était temps pour Okimi se partir.

- J'y vais ma puce ! Tu m'attends devant la grille demain matin !

Elle rompit l'étreinte en souriant et saisit son sac avant de se diriger vers la porte. Elle l'ouvrit puis se tourna vers son amie

- A demain !

Elle passa la porte et la ferma.