La chasse au roquet est ouverte

AVEC PSEUDO DU JOUEUR

C'était le milieu de la matinée, quelques jours avant les grandes vacances. Le ciel bleu et le grand soleil donnaient déjà un avant goût des doux jours que certains passeraient sur le sable. C'était mon premier jour de cours depuis deux mois d'absence et j'avais déjà eu une heure de battement à cause d'un professeur qui n'était pas présent. Et oui encore un. Bienvenue à Sweet Love Highschool le lycée où les profs sèchent plus que les élèves. J'adorais ce lycée mais je me demandais comment on comptait nous faire passer notre diplôme de fin d'année à ce rythme là.  Plutôt que de compter les minutes dans une salle de permanence j'avais passé cette heure dans la cour afin de prendre un peu l'air et pour profiter des premiers beaux jours.

Étendue dans l'herbe j'ouvris un oeil.  La sonnerie annonçant la pause déjeuné et la fin de ma sieste venait de retentir. Je suis encore restée un moment sans bouger avant de me lever en m'étirant. Je secouais rapidement mes vêtements afin d'ôter les quelques brins d'herbes qui y restèrent collés. Un fois sûre que mon haut dos nu rouge et mon slim noir étaient débarrassés des petites traces de l'heure de repos que je m'étais accordé je me dirigeais vers la cour. Elle se remplissait déjà d'élèves et je recherchais dans la foule naissante un visage connu. Ne voyant encore une fois personne que je connaissais je décidai de retourner à l'intérieure afin de acheter quelque chose à boire au distributeur. J'ouvrais la lourde porte à battant quand j'entendis quelqu'un hurler soudainement:

"-N-Non! La porte!! Fermez la porte!!!"

Alors que je demandais ce qu'il pouvait bien se passer je vis une boule de poils non-identifiée filer entre mes jambes et se précipiter à l'extérieur. Le temps que je me retourne elle avait déjà disparu du côté du club de jardinage. Un peu paumée je haussais les épaules et tressaillis quand je me retrouvai tout à coup nez à nez avec la directrice. Ses yeux étaient exorbités et son chignon de travers. Elle pinçait les lèvres si fort qu'elles étaient blanches alors que le reste de son visage était rouge écarlate. Sur le coup je me demandais si elle n'allait pas éclater. Je suis restée bouche bée quand finalement elle éclata vraiment de colère:

"-Pourquoi avez vous ouvert cette porte?! C'est entièrement de votre faute si Kiki s'est enfuie! Oh Kiki, mon pauvre Kiki tout seul dehors. Il va se perdre, se faire renverser ou emmener par la fourrière. Je vous préviens mademoiselle Edenwood si vous ne le retrouvez pas avant la fin des cours je vous colle pour le prochain mois!"

Fulminante elle tourna les talons me laissant juste le temps de dire:

"-M-mais... et pour mes cours alors?

-Vous en êtes dispensée! Kiki est votre priorité. Mettez-vous à plusieurs ça m'est égal mais retrouvez le!"


Et elle me planta là avant de s'engouffrer de nouveau dans le couloir. Totalement hébétée, la main encore sur la poignée de la porte que je tenais toujours grande ouverte j'essayais de comprendre ce qu'il venait de se passer... Peine perdue j'abandonnais vite cette idée afin de ne me concentrer uniquement sur une seule information. Si je ne retrouvais pas ce chien avant la fin de la journée j'allais finir collée jusqu'aux vacances. Hey ben! Je terminais bien l'année moi.

Soupirant je lâchais enfin la porte pour rebrousser chemin et prendre la direction du club de jardinage. C'était là que j'avais vu détaler le canidé fuyard. J'essayais tant bien que mal de me motiver. Un chien dans un lycée ça ne devait pas être si compliqué que ça à retrouver?

On pourrait croire que non mais voilà ce n'était pas un chien ordinaire. Ce cabot était le diable en personne! Cela faisait plus de deux heures qui me faisait cavaler dans tout les sens, de la cour au dernier étage et passant par le gymnase et la salle d'SVT. Le point positif dans tout ça était que j'avais découvert des lieux dans la lycée dont j'ignorais totalement l'existence. Bon pour la bibliothèque c'était assez normal d'en trouver une dans un lycée mais pour le sous sol je n'aurais jamais imaginé ça. C'était comme une salle de concert privée, une salle immense où trônait une scène contre le mur du fond. Une batterie s'y trouvait ainsi qu'une guitare électrique, une basse  et tout ce qu'il fallait pour donner un concert. Un grand rideau cachait tout un pan du mur de béton dissimulant des espèces de loges. Je le savais car cela faisait bien une demi heure que le cabot s'amusait à me faire tourner chèvre en zigzagant entre les pans de tissu.

Je me considérais comme une personne assez calme et patiente mais ce chien...non cette chose aurait donné des envies de meurtre au Daï lama. Il cavalait puis quand il était assez loin de moi il s'arrêtait et me regardait de ses petits yeux de fouine. Il me laissait l'approcher juste assez pour me donner un semblant d'espoir avant de détaler à la seconde où j'allais l'attraper. C'était le malin, Satan, le diable en personne. Vous ne me croyez pas? Je l'ai même entendu ricaner. Si si je vous jure. Bon d'accord ce n'était pas un ricanement mais plutôt un jappement narquois mais c'était du pareil au même il se fichait de moi. Il me fit remonter l'escalier, traverser l'escalier en courant avant de me faire retourner à mon point de départ c'est-à-dire la cour.

A bout de souffle je m'arrêtais afin de retrouver un peu ma respiration. Il était là à me regarder n'attendant que le moment où je me remettrai à bouger pour détaler sur ses pattes de roquet. C'est là en le regardant que j'envisagea pour la première à faire de la taxidermie ma vocation. Oui l'empailler et l'offrir à sa directrice pour qu'elle le mette sur sa cheminée me plaisait bien. Profitant du fait qu'il regardait ailleurs j'essayais de m'approcher lentement, furtivement de lui. Il n'était plus qu'à quelque centimètres, je l'avais presque saisi par le collet mais il fut une nouvelle fois plus rapide que moi. Dans un geste désespéré je tenta de me jeter sur lui mais je ne réussit qu'à me retrouver le nez dans l'herbe. Je restais un moment là sans bouger avant de me mettre à aboyer:


"-Je vais le tuer! Je vais le tuer ce clebs, l'empailler avant d'y mettre le feu !!!"


Je releva la tête et tomba nez à nez avec une paire de chaussures. Levant un peu plus la tête je m'aperçu que ces dites chaussures appartenaient à un visage familier. Je me releva difficilement en époussetant mes vêtements.


"-Salut désolée de m'être affalée comme ça à tes pieds mais il va finir par me rendre folle ce chien..."


Je jetais un coup d'œil un peu plus loin et le vis me fixer de ses yeux narquois...