Je réfléchis. Il n'y avait pas grand chose à savoir sur moi. Je me mordillai la lèvre, j'avais l'impression que cela m'aidait à réfléchir. Je décidai de commencer par ce dont j'avais envie, sans vraiment m'en faire pour ce qui était de l'ordre chronologique ou d'autres choses compliquées.

" Tu es bien la première personne à vouloir en savoir plus sur moi... Je vis chez ma tante depuis quelques temps, depuis la mort de mes parents dans un accident de voiture. J'habitai au Japon avant mais j'ai appris le français et la musique grâce à ma mère... Que dire de plus? Je suis fille unique. Je n'ai jamais goûté au bonheur de se chamailler avec son frère ou sa sœur... Comment c'est ? Avoir une sœur ? "

C'était quelque chose qui m'intriguait vraiment. Tout cela me paraissait loin, comme un rêve qu'on oublie lorsqu'on se réveille. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'imaginer... Si j' avais eu un frère ou une sœur, me serais-je sentie moins seule face à la mort des deux êtres les plus chers que j'ai jamais eu ? Aurais-je une personnalité différente ?

« Ah, tes parents sont décédés... Tu les aimais ? »

Je devais certainement passer pour une personne d'une bizarrerie extrême à poser une question aussi atypique. Après tout, tout le monde aimait ses parents, non ? Même les enfants victimes de maltraitance aimaient les leurs, alors ma question n'avait pas véritablement de sens. Et, pourtant, si. Aimer ses parents ne s'appliquait pas à tout le monde. Cette vérité générale n'en était pas une, j'en étais la preuve vivante.

« Avoir une sœur ? Je le perçois comme une unique raison de vivre et donc, comme une gêne. Si je n'avais pas eu Yoko, je n'aurais pas eu à m'accrocher à ce stupide monde. Mais, je suppose que ce n'est pas une si mauvaise chose que ce que je laisse entendre... »

Les mains dans les poches et le visage indéfiniment levé en direction du ciel, je scrutais les nuages avec une attention particulière. J'avais grandi dans un monde qui n'avait jamais été le mien, je le savais parfaitement. Je me demandais quand est-ce que j'en avais réellement pris conscience. Hum, disons aux alentour de mes quatorze ans. Enfin, même à cet âge-là, je me consolais en me berçant d'illusions idéalistes.

Je me penchai un peu en arrière, m'adossant un peu plus au dossier du banc tout en regardant le ciel. Je tendis ma main vers le soleil comme si je pouvais l'attraper. Je trouvais que prendre une photo de cela aurait été très beau.

" Bien sûr que je les aimais. Ils étaient ma seule famille. Ils étaient gentils et aidaient tout le monde, sans aucune distinction. Je m'accrochai à eux... Quand ils sont partis, je me suis demandée pourquoi j'étais restée ici et pas eux, pourquoi ce n'était pas plutôt moi qui avait été emporté. Puis j'ai réalisé que mes parents ne voudraient pas que je pense comme cela... Qu'ils préféreraient que j'apprécie la vie, même s'ils ne sont pas là. Je préfère penser ainsi plutôt que de me morfondre... "

Je baissai ma main et ma tête d'un même élan. Je m'assis sur le bord du banc et allongea mes petites jambes.

" Dis comme ça, c'est sûr que ça a l'air dérangeant... "

J'avais écouté ses paroles avec attention, me demandant intérieurement comment aurait été mon petit monde si j'avais pu avoir une quelconque attache avec mes parents et s'il n'avait pas été bouleversé par des tas d'événements complètement sordides. Mon regard descendit sur Sawako lorsqu'elle me parla de son sentiment vis-à-vis de la mort de ses parents. Je sentis mon cœur se soulever, tout ça me paraissait... triste.

« Tu sais aujourd'hui pourquoi tu n'étais pas avec eux ce jour-là. Tu vas pouvoir les rendre fiers de toi, tu vas pouvoir leur rendre hommage à travers ta musique. Et puis, je pense qu'il est ainsi, qu'il fallait que nos chemins se croisent. »

Je tournai machinalement la tête dans la direction opposée, cachant une nouvelle fois l’expression douce qui prenait possession de mes traits.

« Enfin... Je ne peux pas regretter de l'avoir. Yoko est une personne vraiment... Je ne peux pas la décrire en fait. Il y a quelques temps, elle était la seule personne que je pouvais considérer comme proche. Aujourd'hui, il y a elle et aussi un garçon dont je n'ai plus de nouvelles ces temps-ci. Mais je fais des progrès. Par exemple, je deviens plus sociable, reste à savoir si c'est une bonne chose... »

Je le regardai, enfin l'arrière de sa tête plutôt vu qu'il avait encore une fois camouflé son expression en utilisant toutes sortes de moyens.

" Ah, je ne peux pas t'éclairer sur ce dernier point... J'ai toujours voulu être sociable, et je le suis beaucoup plus maintenant que lorsque j'étais au Japon... La France est un pays merveilleux en vérité. Je comprends enfin l'univers dans lequel Maman a grandie... "

Un étrange sentiment de nostalgie me prit soudainement et je me revis à jouer de la flûte accompagnée de ma mère au piano qui me souriait en me disant que cela était très bien. Je me demandai pourquoi ce souvenir revenait maintenant plutôt qu'à un autre moment.

" Je commence à avoir faim, pas toi ? "

Mon ventre se mit à gargouiller, confirmant mes propos. Je maudis mon mauvais - ou trop bon ? - timing pour ce genre de choses.

Je hochais doucement la tête en entendant ses paroles. Elle était japonaise, et ça ne m'avait pas surpris étant donné que son prénom l'était.

"Yoko et moi sommes également japonais. Enfin, c'est peut-être moins visible à cause de nos origines également américaines. "

Je me redressai doucement. Maintenant que j'y pensais, c'est vrai que j'avais plutôt faim moi aussi. Je hochais donc calmement la tête et balayais les lieux du regard. Ah, il y avait ce petit bar situé dans le parc qui était tout à fait plaisant. Je le désignais de l'index en arquant un sourcil.

"Ça t'irait de manger là-bas? C'est assez conviviale et calme à la fois..."

Je n'attendis pas vraiment de réponse, m'attendant à une réponse affirmative. J'avais donc entamé la marche avec ce calme qui me décrivait si bien, les yeux rivés sur le sol. Parler de mon pays d'origine avait quelque peu fait surgir de vieux souvenirs. Notamment, l'époque où il m'avait semblé être épanoui dans ma famille. C'était si loin... Tellement loin que j'en avais oublié ce sentiment de bonheur que chaque Humain connaît durant son enfance.

Je suivis le mannequin vers le bar qui avait effectivement l'air fort sympathique. Je n'allais pas dire non pour manger dans un tel endroit aussi joyeux. Observer la gaité des gens avait fait partie d'un de mes passe-temps au Japon que j'avoue avoir un peu délaissé une fois en France.

" C'est vrai que Yoko est un prénom japonais, non ? "

Je fixai un groupe d'oiseaux qui s'envolaient après l'arrivée d'enfants qui couraient tout en jouant avec un ballon. La grande place était vraiment un lieu plein de vie. Je hochai la tête.

" Ça me va tout à fait  ! "

Le bar fut devant nous en un rien de temps et je pus observer l'agitation des personnes qui étaient déjà installées aux tables et qui riaient joyeusement. Une femme se tourna et pendant un moment, je crus voir ma mère. Mais ce n'était bien sûr pas elle. Même si la crinière de cheveux blonds de la femme était identique à celle de ma mère... Elle n'était plus là.

Je hochais lentement la tête, confirmant ses paroles. Oui, Yoko était en effet un prénom japonais. Enfant du soleil... C'était plutôt joli et ça lui allait bien, elle qui passait son temps à sourire et à émettre autant de lumière qu'une boule de feu. Je pris place à une table située sur la terrasse ensoleillée, il n'y avait pas de raison particulière, j'avais juste envie de sentir le soleil sur ma peau. A peine m'étais-je installé, que je m'étais accoudé à la table, posant mon visage dans l'une de mes mains en laissant mon regard vaguer sur les environs.

"Je t'ai parlé de ma soeur... Et toi, ta famille? En fait, ma question n'est pas claire, pardon. Raconte-moi... Ton histoire. Chaque Humain en possède une. Je veux connaître la tienne."

C'était assez étrange au fond, pour une personne comme moi, de s'intéresser à autrui. Je ne portais gère attention à mon entourage. Pour moi, les Humains étaient tous similaires, tous ne voulaient qu'une seule chose: détruire. Je refusais de l'avouer mais la vérité était qu'ils m'effrayaient, vraiment. Je posais à nouveau mon regard sur Sawako et la fixait sans la moindre gêne. Haah... Elle n'avait pourtant pas l'air d'être comme ça. Peut-être que je me trompais, peut-être que je faisais une généralité à tort. Non, impossible. C'était lorsqu'on commençait à avoir de l'espoir que la chute était la plus rude.

Je m'assis à mon tour sur une des chaises qui bordaient la table. Le soleil me réchauffait et donnait des reflets roux à mes cheveux bruns. Je posai mes mains sur mes genoux et contemplai les passants, toujours aussi heureux et chaleureux, ce qui allait bien avec ce temps estival.

" Ma famille ? Et bien... J'ai un cousin, je te l'ai dit ? Il s'appelle Thomas. Depuis que je suis arrivée chez ma tante, il ne m'a presque pas adressé la parole. Je n'existe pas pour lui. Comme s'il n'acceptait pas le fait que je sois sa cousine ou quelque chose dans le genre... Il travaille... Mais je ne sais pas où. "

Je réfléchis. Il voulait savoir mon histoire... Je posai les yeux sur Sheitan. Je ne savais pas trop quoi dire.

" Je peux te raconter quelque chose ? "

Je n'attendis pas la réponse du jeune homme pour continuer et lui raconter ce que je voulais dire.

" C'était à l'école primaire... On avait un lapin qui était dans un petit enclos dans la cour. Je m'en occupais tout le temps. Je l'aimais bien et personne ne semblait s'en préoccuper. Un jour, il est tombé malade et c'est moi qu'on a accusé, puisque c'est moi qui m'en occupait. Je leur faisais peur. J'ai été punie et tout le monde pensait que c'était moi, malgré le fait que je me défendais. Je n'avais rien dit à Maman car elle se serait inquiétée. Elle avait la santé fragile et un rien pouvait la faire se retrouver sur un lit d'hôpital. Je me suis donc tue... Plusieurs mois après, un des enfants a avoué que c'est lui qui avait donné de la nourriture mauvaise au lapin. Il s'est excusé en bonne et due formes. Mais depuis... J'ai peur que chacun de mes gestes soient mal interprétés. Et qu'on ne me croit pas quand on m'accusera et que je serais innocente. "

Je soupirai longuement, en me souvenant de cet épisode. Les enfants peuvent vraiment être cruels. Je relevai la tête que j'avais baissée par réflexe. Un serveur s'était approché pour nous demander si nous avions choisis.

Un cousin. Hm, un certain Thomas donc. Mon regard était braqué sur Sawako. Haah. Etre ignoré par un membre de sa propre famille, ça ne devait pas être simple à vivre, surtout qu'elle était dépendante de cette partie-là de sa famille. Un sourcil arqué, je m'aventurais sur ce terrain vague sans même avoir hésité.

"Mais... Tu ne connais pas les raisons de son comportement vis-à-vis de toi? Ça ne doit pas être facile à vivre..."

Je baissais mon regard sur le côté, je me sentais triste pour elle. La famille... C'était pourtant une chose précieuse sur laquelle on devait pouvoir compter, enfin telle était la fonction qu'avait assigné la société à ce mot. Oui et pourtant, il y avait toujours des exceptions.

" Je peux te raconter quelque chose ? "

J'avais entrouvert les lèvres afin de répondre d'une monosyllabe indiquant une réponse affirmative. Ses paroles, je les avais lentement analysé une par une, visualisant ou plutôt reconstituant cette scène de son passé. J'allais m'exprimer quand un serveur s'avança à notre table afin de prendre notre commande. J'étais un habitué alors il savait d'avance ce que j'avais l'intention de prendre mais je me répétais: une salade végétarienne et une sangria en apéritif. Je baissais respectueusement la tête en le remerciant. J'avais pris de l'alcool, c'était assez inhabituel chez moi mais en ce moment, je crois que j'en ressentais tout particulièrement le besoin. Je n'avais pas de dépendance à l'alcool mais une certaine date approchait et je voulais... Je ne le savais même pas. Je ne savais même pas ce que je voulais en fait. Pitoyable. Une fois le serveur parti, mon attention se posa à nouveau sur la lycéenne et je pris finalement la parole.

"Tu sais... Désormais tu n'as plus à avoir peur de la façon dont tu t'y prends avec les autres ou ce de genre de choses... Si quelqu'un interprète mal tes intentions alors je les lui expliquerais, si on t'accuse à tort alors je te servirais d'avocat... Tu as des amis maintenant, il y a Okimi et moi. Et je suis sûr que tu en as d'autres ou que tu t'en feras d'autres rapidement, tu es une bonne personne après tout. Enfin, j'ai dit être ton ami mais tu trouves peut-être ça présomptueux. Désolé. Après tout, pour considérer quelqu'un comme un ami, il faut bien le connaître et lui accorder sa confiance mais je ne suis pas quelqu'un en qui on peut avoir confiance donc.. J'ai parlé trop vite et avec trop d'assurance, pardon."

Ah... Je m'obstinais vraiment à tracer une frontière entre les autres et moi. Je le faisais à la fois consciemment et inconsciemment. Inconsciemment parce-que c'était devenu un réflexe et que je ne m'en rendais pas forcément compte et consciemment parce-que... Je voulais m'éloigner des autres.

Je baissai tristement les yeux vers le bord de la terrasse.

" Si je les connaissais... Ça fait un moment que je me pose la question, mais même quand je lui demande, il semble braqué à m'ignorer pour le restant de ma vie chez eux... "

Je commandai quelque chose de léger, je n'avais pas vraiment faim. Je me retournai vers le mannequin, lui souriant. Cela me faisait extrêmement plaisir que quelqu'un se considère comme mon ami, moi qui n'en avait jamais vraiment eu. La manière maladroite dont il avait prononcé ces mots, tout cela ne pouvait qu'être plaisant.

" Non ! Je te fais confiance... Je suis heureuse que tu te considères comme mon ami... Et Okimi aussi... Tu peux parler avec de l'assurance car tu as raison. Je t'apprécie beaucoup ! "

Pour une fois, je n'avais pas trop hésiter pour les mots que j'allais employer. C'était comme une libération, quelque chose de... Oui, comme un sentiment de sérénité. Je n'avais jamais été aussi heureuse depuis la mort de mes parents.

Je fixais l'adolescente, observant sa réaction. Ne pas connaître les raisons pour lesquelles une personne nous évite, dur à vivre. Je n'ajoutai rien cependant, me contentant de porter également mon regard sur le côté. En entendant ses autres paroles, je laissai glisser une main sur l'une de mes joues, m'accoudant à la table tout en cachant plus ou moins mon visage, un sourire trônant sur mes lèvres. "Je t'apprécie beaucoup ! " Ces mots résonnaient gaiement dans mes pensées et leur effet sur moi me troublait. Je ne pensais pas être capable de réagir d'une telle façon. En général, j'en voulais à la Terre entière alors un froncement de sourcils aurait été plus classique...

"Ah bon... Au fait, tu en es où avec tes compositions musicales?"

J'avais systématiquement changé de sujet, n'étant décidément pas à l'aise quant au sujet de l'amitié . En vérité je n'étais jamais à l'aise avec les sentiments et ma manière de montrer mon affection à autrui était quasi imperceptible. On donnait d'ailleurs souvent de mauvaises interprétations à mes gestes et à mes mots. Qu'il s'agisse d'aimer, de consoler, de rassurer ou bien d'aider, je faisais toujours preuve d'une certaine froideur pour le moins déstabilisante. Enfin, je n'avais pas à m'en plaindre, même si c'était un réflexe, ça me permettait également de maintenir une certaine distance avec les autres.

Je lui souris, même si je voyais bien son changement brusque de sujet. Si cela le gênait, il n'y avait aucun intérêt à s'y attarder. Je dessinai du bout des doigts sur la table quelques unes des notes que j'avais retenu de mes compositions. Il m'était assez facile de les retenir, une seule fois entendu, déjà retenues par mon esprit.

" J'ai fait une petite pause récemment pour me concentrer sur des interprétations de morceaux d'autres auteurs... Je passe beaucoup de temps à la librairie pour trouver des anthologies qui proposent pas mal de morceaux. Et j'aimerais faire un concert... Bientôt. J'ai déjà proposé l'idée à ma tante, il faut juste qu'elle y réfléchisse. "

Je savais très bien qu'il allait falloir du temps pour que ma tante accepte ma requête. Lorsque je jouais, cela lui faisait souvent penser à ma mère et la vérité était pour elle encore dure à accepter. Je l'avais déjà prise, après avoir jouer un morceau sur le piano - encore un souvenir de ma mère -, en train de pleurer alors qu'elle préparait le repas. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais c'était bien son cœur qui parlait. Et il avait mal.

" Et toi, tu as agrandi ta collection d'instruments ? Enfin, si on peut dire une collection... "

Je reculais doucement la tête afin de laisser le serveur déposer les plats sur la table, mon regard était perdu, tout comme mes pensées à ce moment-là. Je réfléchissais, me remémorant silencieusement les paroles de Sawako. Un concert... Ah, si elle en donnait un, je voudrais absolument y être...

"Hum, je vois. Eh bien... Tiens-moi au courant."

Je voulais juste l'entendre jouer, encore et encore. La musique était une chose si précieuse. Un art qui pouvait apaiser votre esprit. Hum, ma collection... Récemment, j'avais fait un nouvel achat en effet. Il s'agissait d'une guitare électro-acoustique tout particulièrement belle. Une Gibson, je l'avais payé relativement cher mais j'avais eu un coup de coeur dès le premier coup d'oeil. Aussi futile cela puisse paraître.

"J'ai acheté un nouvel instrument il y a quelques semaines, c'est une guitare électro-acoustique. Elle est vraiment belle et très travaillée. Mais franchement... Je suis une personne ridicule à collectionner des instruments. Il y a des personnes talentueuses qui n'ont pas les moyens de se payer de bons instruments et il y a moi, un abruti qui les collectionne juste pour les regarder bêtement." lâchai-je avec un rire moqueur envers moi-même.

Je posai mon regard sur le jeune homme et le remerciai avant de prendre doucement une fourchette pour entamer le repas.

"Bon appétit..." murmurai-je avec un léger sourire, mon visage aux traits habituellement tendus s'étant adouci.

Je mangeais en silence. Ça faisait un moment que je n'avais pas mangé avec quelqu'un autre que ma soeur. Les repas en famille étaient loin derrière moi et les repas avec des amis l'étaient encore plus. Les amis, hein... Les miens avaient étaient semblables à des feuilles. Il avaient montré leur plus belle couleur et étaient finalement tombés comme si de rien n'était. Sans que personne ne s'en soucie, sans même que le monde ne se soit arrêté de tourner pour eux.