Jour de neige... Le bruit des flocons me semble plutôt étrange... D'où vient ce bruit régulier un peu énervant ? Je n'y comprenais plus rien. Tout autour de moi c'était blanc. Il y avait de la neige, beaucoup de neige. Il faisait froid aussi... Très froid... Pourtant, d'habitude, je n'avais pas aussi froid quand il neigeait. Alors pourquoi la température me semblait t-elle aussi basse ? Je n'arrivais à peine à bouger, c'était tellement étrange...  Je ne me souvenais de pas grand chose à vrai dire... j'avais l'impression qu'il y avait comme eu un gros blanc... J'avançais un peu dans la neige, me tournant vers l'origine d'un bruit. Un craquement. Je distinguais la frêle silhouette d'une personne que je connaissais déjà. Que faisait elle là ? Elle me semblait encore plus fragile que le jour de sa mort. Très pâle, ses cheveux longs flottant doucement, ses yeux azurs sans vie... Encore une fois, elle s'était faite une tresse qui lui tombais sur la joue. Elle sourit et éclata de rire à nouveau, m'invitant à venir. Je la suivais, bien évidemment, je lui faisais confiance. Comment ne pourrais pas lui faire confiance, à elle. Elle s'arrêta soudainement, se tournant vers moi en souriant, sans un mot. Je tendais la main vers elle, comme pour m'assurer qu'elle était bien là. Ma main traversa sa silhouette et elle perdit son sourire. Sa silhouette commença à se flouter et elle devenait peu à peu transparente. Je ne voulais pas qu'elle parte ! Je ne voulais pas qu'elle me laisse à nouveau.

- Lya ! Lya ! LYA !

Trop tard, elle avait disparue... J'étais incapable de bouger, restant à trembler à l'endroit où elle se tenait avant. Je ne savais pas quoi faire d'autre. J'avais beau l'appeler à m'en briser la voix elle ne revenait pas. Non, elle ne revenait pas...

***********

J'ouvrais enfin les yeux. Il faisait toujours froid, mais il n'y avait plus de neige dans le... ciel ? Non, ça ressemblait à un plafond... Je me redressais, regardant autour de moi, interloqué. Où est ce que j'étais ? J'entendais toujours le même bruit régulier et apercevais une espèce de machine. Un hôpital ? Je me souvenais de tout. Okimi, le toit, l'autre voix... Okimi... Elle était où ? Est ce qu'elle allait bien ? Si il lui était arrivé quelque chose de mal je ne me le pardonnerais jamais ! Je ne pouvais pas m'amuser à rester ici tranquillement, il fallait la trouver ! je me rendais bien vite compte que j'avais un bras qui ne répondais plus, ce qui était plus énervant. J'utilisais ma main valide pour enlever tout ces fils bizarres qui me reliaient à différents trucs et me levais. Je manquais de tomber. C'était étrange... J'arrivais à peine à tenir debout. L'autre machine se mit à biper comme une folle et je fus obligé de partir vite fais pour éviter le personnel. Tant mieux... Je voulais pas qu'on me soigne toute façon...

Je m'aventurais dans les couloirs, cherchant là où ils auraient put mettre Okimi. Le soleil venait à peine de se pointer. Ca faisait combien de temps que je dormais ? Longtemps... Trop longtemps...
" Okimi doit être dans une chambre aussi... Ils ont surement voulus la garder."
Je hochais la tête et me mettais à chercher, regardant par les petites fenêtre au dessus des portes pour trouver la bonne chambre. Par contre, il faisait drôlement froid dans ces couloirs. J'avais l'impression qu'il faisait à peine une température au dessus de zéro... J'étais frigorifié, c'était pas possible... Et puis, c'était normal que j'arrive à peine à marcher ? Et ça voulait dire quoi cette respiration irrégulière ? C'était comme si j'avais courus je ne sais combien de kilomètres... Et puis, j'avais des douleurs dans la poitrine et au ventre... Rien de normal dans cette histoire !

J'arrivais finalement devant une chambre et y apercevais Okimi. Elle me semblait endormie, elle aussi attachés avec ces espèce de fils étranges. Je m'approchais, ouvrais la porte dans un parfait silence et allait m'asseoir près d'elle pour lui prendre la main. J'avais dut l'inquiéter pour rien... C'était nul de ma part... Je ne faisais que faire du mal aux autres...
" Espèce de raté, monstre..."
Elle devait m'en vouloir... Elle me détestait surement... Pourtant, je continuerais à l'aimer, quoi qu'elle dise. J'avais pas besoin qu'elle m'apprécie ! Et puis même... Toute façon, c'était pas que je l'aimais... Enfin, si un peu...
" Un peu... Une peu beaucoup ?"
Je baissais les yeux au sol, écarlate. C'était pas ça du tout ! Enfin, si, un peu... Je ne savais pas...
Je continuais à tenir la main d'Okimi en silence, la regardant en même temps. Elle avait l'air si apaisée comme ça...

Je la sentais un peu s'agiter dans son sommeil. Elle allait surement bientôt se réveiller. Je regardais autour d'elle. Ca faisait peur toutes ces machines en fait... Il m'était maintenant facile de comprendre pourquoi Lya avait disjonctée avec toutes ces choses... Ca avait dut être dur. Elle avait dut se sentir seule dans ses pièces plutôt tristes. je me souviens qu'une fois elle était montée sur le toit et qu'elle m'avait emmené, c'était ce jour là qu'elle avait sauté. Résultat, presque un mois sans pouvoir marcher et elle avait eu pas mal de chance de ne pas être morte sur le coup, c'était très haut. Ce genre de crise de démence avaient continués mais j'étais avec elle alors la plupart du temps je l'arrêtais, cependant, ça avait aussi déteint sur moi, surtout quand elle était morte. Déjà que j'étais à moitié suicidaire, alors après c'était complètement. Toute façon, qu'est ce que je pouvais faire d’autre à part mourir pour aider les autres ? Rien, je supposais. Je n'avais pas le droit de vivre, je n'avais jamais eu ce droit alors... Quoi de mieux que de mourir ?

Elle ouvrit enfin les yeux et je me ressaisissais pour ne pas qu'elle aperçoive les couleurs qui m'étaient montés aux joues. Elle avait pas à le savoir, que je l'aimais un peu trop. Beaucoup trop... C'était étrange, mais je dirais presque plus que Lya. Pourtant...
Elle tourna la tête vers moi, stoppant mes pensées. Elle sourit et se frotta les yeux, visiblement encore fatiguée. Je l'avais surement dérangée. J'étais idiot, j'aurais dut penser à ça...

- T'es pas censé être dans un lit, branché à un tas de machines ? 

Je ne répondais rien, évidemment. Non, j'étais pas sensé être là bas. J'avais pas le droit. Et puis, je n'avais rien demandé. Je ne voulais pas qu'on s'occupe de moi comme ça. J'avais pas besoin qu'on me soigne pour des blessures aussi stupide, il aurait mieux valut qu'on me laisse mourir là où j'étais. Ca aurait été mieux pour tout le monde.
Elle se redressa pour s'asseoir, le dos contre le mur. Elle se tourna vers moi, manquant de me faire reprendre des couleurs. J'avais prévu le coup et m'était contenu. Enfin, c'était dur... Très dur. Etant donné que j'avais cette impression d'avoir froid, c'était comme si mon cerveau marchait au ralentit et c'était plutôt agaçant.

- Si je te demandes si ça va, tu vas me dire oui ... mais ce sera faux pas vrai ?

J'étais pas obligé de prétendre que j'allais mal ! J'allais très bien puisque j'arrivais à marcher ! C'était tout ce qui suffisait. J'avais pas besoin qu'on s'inquiète pour moi... On ne devait pas s'inquiéter pour des personnes comme moi... Les monstres n'avaient pas leur place dans ce monde et ils méritaient juste de disparaître.

- Et toi ? Ca va ?

Fallait bien que je contourne le problème, je ne tenais pas à me disputer avec elle maintenant... Surtout qu'elle était encore blessée et qu'elle venait à peine de s'éveiller... Je devais la déranger avec mes erreurs toutes les dix secondes... J'étais un vrai minable.

- Désolé... je suis tout le temps en trin de te déranger...

Je baissais les yeux, prêt à me faire à nouveau rabrouer. j'étais habitué toute façon alors ça n'avait pas d'importance.

Elle hocha la tête. Encore une fois, ce simple geste avait comme retourné mon coeur. D'ailleurs, je ne savais même pas si il parvenait à battre, mais c'était pas le moment de m'amuser à tenter de le savoir. J'avais pas envie de le savoir...

- La douleur devrait réapparaître d'ici quelques minutes mais ça va pour l'instant ...

Ils avaient dut lui donner quelque chose alors... Je continuais de la dévisager, attendant qu'elle dise autre chose, ce qui était très probable, la connaissant un peu maintenant. Il me semblait qu'elle parlait tout le temps, mais pour la première fois, ça ne me dérangeait pas. J'aimais bien l'entendre. Il me semblait que sa voix était agréable. Si elle allait bien toute façon, c'était le principal.
Elle sourit, visiblement heureuse, ce qui me rassura aussi.

Elle secoua la tête, toujours en souriant après que je me sois excusé, ce qui me surpris un peu. Elle ne s'énervait pas ? Elle ne me criait pas dessus ? Rien ? C'était louche ça... Elle devait se sentir mal...

- Mais non tu me dérange pas ! Par contre, j'apprécierais que tu arrêtes de vouloir te suicider ! Ca rime à rien de faire ça ! Je sais que tu penses que tu ne mérites pas de vivre mais c'est faux. Tu as le droit de vivre !

J'étais sûr qu'elle mentait. Je la dérangeais à coup sûr... C'était certain. Et puis, quoi qu'elle puisse dire je ne changerais pas d'avis. je n'avais pas le droit de vivre ! Je me suiciderais autant de fois qu'il le faudra mais je disparaitrais un jour... Je n'avais pas besoin de vivre. Je n'avais pas ma place dans ce monde. Non, je n'avais aucune place. Je n'avais pas de place, pas d'avenir... J'étais juste une erreur. Rien d'autre qu'un monstre, une erreur, un raté, un imbécile...
Elle se tut. Puis, après avoir hésité, elle posa sa main sur ma tête. Je me sentais aussitôt coupable. Encore plus minable que la seconde d'avant. C'était exactement ce que faisaient les hommes de l'Enfer Blanc avant de nous envoyer nous entre-tuer.

- Ton bras ... Tu peux le bouger ?

J'avais complètement oublié... Je n'avais pas put le bouger en me réveillant. Mais ça m'était égal, je pouvais marcher et tenir un couteau avec une main, pas de soucies. Pas besoin de deux mains pour mettre fin à ses jours.

- Non, mais ce n'est pas grave.

Je ne pouvais pas sourire alors je ne le faisais pas. Mais ça ne l'importait pas ne toute façon, elle s'en fichait surement... Si elle était restée avec moi c'était juste pour ne pas avoir un autre mort sur le dos, pour rien d'autre, fallait pas se faire des idées.
"Elle ne t'aimera jamais, pas la peine d'essayer de faire quelque chose. Meurt, c'est tout ce qu'il reste à faire. Pas la peine de chercher trois mille ans des choses qui ne viennent pas"
T'avais surement raison. Je ne savais même pas pourquoi j'étais encore en vie...

- Et tes autres blessures ?

Je ne répondais rien en premier temps. Je n'avais pas besoin de l'inquiéter encore plus. Je n'aimais pas la voir comme ça... J'avais mal mais j'étais pas prêt de lui avouer ça. Je ne l'avouerais peut être jamais... Après tout, je me détruisais de l'intérieur, mais depuis des années personne n'en savait rien. Même pas Lya, je ne lui avait rien dit. Toute façon, elle était mourante, alors je n'avait pas voulut la rendre triste. Mais tous ces incendient, ces erreurs, ça me donnait de plus en plus envie d'en finir. Je me rendais compte que j'étais toujours loin de quelqu'un de normal, qu'importe ce que je faisais.

- Je vais bien, ne t'inquiète pas !

J'allais m'asseoir près d'elle sur le lit, posant une main sur son ventre. Ca me rassurait de ne plus sentir le sang couler. J'avais eu peut pour elle n'empêche... Heureusement que l'autre fille avait été là. Sinon, elle serait morte, non ?

- Tu ne meurs pas maintenant, hein ?

Je la dévisageais, silencieux, un peu inquiet. Elle pouvait bien prétendre ne pas avoir mal mais j'étais sûr qu'elle n'allait pas parfaitement bien.

Elle semblait avoir devinée que je mentais, mais je m'en fichais. Tout ce qui m'importait c'était qu'elle aille bien. Si elle allait bien c'était parfait. Je l'avais déjà bien trop faite souffrir. Je m'en voulais, je m'en voulais...

A ma question elle se mit à rire et secoua la tête, l'air plutôt joyeuse. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle... J'étais surement trop bête pour deviner.

- Non je ne vais pas mourir maintenant !

J'espérais bien... Je ne voulais pas qu'elle disparaisse par ma faute. Je l'aimais trop pour supporter de la voir disparaître aussi.
Elle prit un air sérieux qui m'inquiéta un peu et plongea son regard dans le mien, manquant de me faire passer à l'écarlate. Mais je parvenais encore une fois à me contenir. Je ne voulais pas rougir comme ça... Ca faisait stupide. Et puis, c'était honteux pour un garçon de rougir, non ? Je ne voulais pas encore qu'on me traite de travestit parce que je rougissais ! Et puis, on me disait souvent des choses par apport à ça. Avant, on me confondais souvent avec une fille, c'était vexant.

- Et toi ?

Je manquais de sursauter... Il me semblait que j'étais vivant... Mais je ne voulais pas le rester trop longtemps. Je devais en finir. Rapidement. Quand elle ne sera pas là. Comme ça, je ne la ferais pas souffrir. Je détournais les yeux pour ne pas affronter plus longtemps son regard. Je n'aimais pas ça. Je me sentais mal après... Toute façon, ils pourraient toujours me le dire des centaines de fois, ej ne changerais pas d'avis. Je ne méritais pas de vivre. Je n'avais pas le droit de vivre. C'était interdit pour moi.
Elle finit par s'approcher un peu pour déposer sa tête sur mon épaule. Cette fois je devenais belle et bien écarlate mais la laissait faire. Toute façon, elle ne me voyait pas là. Je portais ma main valide sur sa nuque, sans un mot.

- Veux pas te perdre ...

Elle l'avait murmuré plutôt bas. Elle ne dit rien ensuite, restant silencieuse. Il y a bientôt un an, j'avais dis exactement la même chose à Lya et elle m'avait laissé. Elle m'avait obligé à la tuer. Et si Okimi faisait pareil. Si elle aussi elle me droguait pour que je la tue... je fermais les yeux, reculant, portant mes mains à ma tête, le regard vide, tremblant plus qu'en arrivant. Je me tournais ensuite vers elle. Si elle avait mal c'était de ma faute. J'étais sûr qu'elle me le cachait.  

- Okimi... Arrête... Tu as mal, je le sais. C'est de ma faute. Désolé.

Je reculais un peu, oubliant la distance qui me séparait du bord et tombais par terre, manquant de m’assommer au passage. Je me redressais à l'aide de mon bras valide, grimaçant et tremblant toujours. Je levais les yeux vers elle.

- Désolé !

Je m'inclinais, la face contre le sol. C'était de ma faute, c'était de ma faute, c'était de ma faute, c'était de ma faute... Il fallait qu'elle me frappe, qu'elle m'insulte, quelque chose. Sinon...

Je l'entendit bouger. Je devinais qu'elle détachait tous ces fils qui la retenait. J'entendais le bruit des machines qui s'étaient mise à biper furieusement. Je savais qu'elle approchait.
Je l'aperçut s'agenouiller devant moi, le visage massacré par la colère. Je l'avais déçu. J'étais nul. Je lui avait fait du mal. Je méritais juste de ne plus exister. Je devais disparaître. je ne m'attendais pas à ce qu'elle me frappe si fort par contre. Elle m'avait giflé violemment, surement à cause de la colère. Je sentais qu'elle allait m'en mettre une autre si ça continuais. Mais je m'en fichais. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi.

- Tu vas la fermer et m'écouter pauvre crétin ! Arrête de t'excuser ! C'est pas ta faute ! C'est pas toi qui a planté ce couteau dans mon ventre ! C'est moi ! C'est ma faute ! Je suis incapable de trouver quoi dire pour que tu restes en vie ! La seule solution que j'ai trouvée pour rester près de toi c'est ça ! Parce que je suis incapable de contrôler mon coeur ! Parce que je suis tombée amoureuse de toi !

Pauvre cr*tin... C'était absolument ce que j'étais. Un débile. Pourquoi je ne devrais pas m'excuser ! C'était de ma faute, pas la sienne ! Je lui avait pas planté le couteau dans le ventre, mais j'allais tuer son chat. Et Seto il comptait beaucoup pour elle, non ? ce n'était pas de sa faute... C'était la mienne.
" Incapable, débile..."
Elle avait fait ça pour... Je ne comprenais plus rien. J'étais perdu. Je ne savais pas quoi penser ou ressentir. Je ne comprenais rien à ce sentiment. Strictement rien. Rien du tout. C'était juste que ça me faisait mal et ça m'effrayait. Déjà, rien que le simple lien d'ami m'était effrayant, alors... J'avais peur de ce sentiment. C'était trop étrange... Je n'y comprenais rien. Je l'aimais aussi mais...

La porte s'ouvrit alors qu'Okimi semblait sur le point de s'évanouir. J'aperçus une autre fille débarqué. Bien plus petite que moi et Okimi, on aurait dit une fillette avec un air trop mature.

" Vraiment... Tous les deux... Vous ne pouvez pas vous tenir deux secondes ? Vous pourrez vous disputer ou... Je ne sais quoi, une fois qu'on vous aura soigné et que vous serez en pleine forme. "

Cette voix, c'était la fille de la dernière fois. Celle qui avait sauvée Okimi. Je l'avais embêtée aussi... Vraiment, je ne savais rien faire à part créer des problèmes. Tout était de ma faute... Tout.
Je ne prenais pas compte de ses paroles, regardant juste une infirmière coucher Okimi. Je ne bougeais pas, incapable de réfléchir correctement. je ne savais plus quoi penser de tout ça. C'était trop. Je ne comprenais rien. C'était pas la faute d'Okimi, c'était de ma faute alors pourquoi elle s'entêtait à dire le contraire ? Ce sentiment c'était quoi, que devais-je en faire ? Je ne trouvais rien d'autre à faire que de rester immobile agenouillé par terre, le regard vide et lointain, tremblant.

Je ne savait vraiment plus quoi faire ni quoi penser. Comment j'étais supposé réagir ? Qu'étais-je supposé ressentir ? Je ne savais pas... Je ne savais pas du tout.
J'aperçus Okimi repousser l'infirmière et se laisser glisser pour tomber devant moi. Je voulais tendre la main vers elle, l'aider, mais je ne pouvais pas la salir plus. Je l'avais déjà détruit alors... je ne pouvais pas me permettre de la détruire encore une fois. je ne voulais pas détruire quelqu'un d'autre. Pas encore... Non... Pas question que ça recommence.

- Haku ...

Je levais les yeux vers elle. Elle allait s'évanouir, ça sautait aux yeux. C'était un acte stupide de s'entêter pour rien. Je ne la comprenais pas. Elle repoussa à nouveau l'infirmière, ce qui m'attrista. Elle devait se reposer... Okimi leva les yeux vers l'autre jeune fille et lui sourit doucement. Elle se connaissaient donc bien... Je sentis son attention revenir sur moi et ne trouvais rien d'autre à faire que me massacrer la lèvre inférieur.

" Je t'en prie, Okimi... Vous devez être soignés ! Vous... Vous ne pouvez pas continuer comme ça...  S'il vous plaît ! "

Vous ? Okimi oui mais pas moi. Je n'avais pas besoin de soin. Tant que je pouvais marcher c'était suffisant. L'autre fille avait l'air affolée, stressée, tendue. Elle s’accroupit, posant une main sur l'épaule d'Okimi. Je la regardais. Au moins, cette fille n'allait pas la salir.

- Okimi... Si tu es fatiguée ne t'inquiète pas, on ne t'en voudra pas.

Je m'approchais, l'obligeant à basculer vers moi pour la retenir avec mon bras valide après pour ne pas qu'elle tombe sur le sol. Je ne voulais pas qu'elle se tue pour rien. Elle perdait son temps en ce moment... Qu'est ce qu'elle cherchait ? Je ne comprenais rien à ce sentiment, si c'était ce qu'elle voulait, je ne pouvais rien lui dire. Je soupirais, toujours tremblant.
Je ne voulais pas qu'il arrive quelque chose à Okimi... Elle ne devait pas se faire du mal par ma faute. Tout était de ma faute, elle ne devait pas se sentir coupable. Je ne disais rien de plus. Toute façon, qu'est ce que j'aurais put dire ?

Elle avait apparemment envie de se débattre, mais il lui manquait des forces. Elle avait dut s'épuiser en me frappant ou bien je l'avais obligé  trop parler. Donc c'était de ma faute. J'étais irrécupérable. Une imbécile, un incapable, un raté... Je ne faisais que l'embêter. J'étais un boulet pour elle. J'aurais dut mourir, j'aurais dut partir, ne jamais la rencontrer... A cause de moi elle se retrouvait comme ça... Pourquoi elle payait pour mes absurdité comme ça ? C'était pas juste !

- Y a pas que moi ... Il faut te soigner aussi ... Haku ... Veux pas ... que tu meurs ...

Non. Je n'avais pas besoin qu'on s'occupe de moi. Pas question ! Je sentis qu'Okimi perdait conscience. Son corps devenait plus lourd et elle avait les yeux clos. Je me relevais, la maintenant toujours plus ou moins contre moi pour ne pas qu'elle tombe et me tournait vers l'autre jeune fille qui était toujours là.

- T-Tu peux m'aider à la coucher ?

Je ne pouvais pas vraiment le faire correctement avec un bras. Je risquais de lui faire mal. Je ne voulais pas lui faire plus mal que maintenant... C'était de ma faute... C'était impardonnable. Je regardais l'autre fille, n'affichant rien à part un air inquiet pour Okimi. Je ne voulais pas qu'elle meurt. Surtout pas par ma faute. Elle avait encore toute une vie devant elle. Elle ne devait pas ainsi la gâcher...

La jeune fille qui avait sauvée Okimi se tourna vers moi. Apparemment, elle n'était pas décidée à faire quelque chose. Pourquoi ? Il était vrai qu'elle semblait freluquet mais tout de même. Elle pourrait aider Okimi ! C'était son amie, non ? Alors pourquoi... ? Mais non, tout ce qu'elle trouvait à faire c'était soupirer...

" Tu ne veux pas te faire soigner ? "

Pourquoi elle s'inquiétait pour moi et pas pour Okimi ? C'était elle qui était évanouie là ! Je n'avais pas besoin qu'on s'inquiète pour moi, je ne comptais pas ! J'étais qu'un monstre et un débile qui avait fait du mal à Okimi... Je ne devais même pas exister. Je n'avais pas le droit de vivre.
L'autre jeune fille baissa les yeux sur le sol blanc et froid. le même que dans presque tous les hôpitaux. Lya, ça l'avait rendue folle. En même temps, avec le temps qu'elle avait passée là-bas... Et personne ne venait s'occuper d'Okimi ? Mais elle n'allait pas bien ! Il fallait s'occuper d'elle ! je ne voulais pas qu'elle meurt elle aussi...
J'aperçus la silhouette de celui que Lya appelait "monstre des neige". Le médecin en fait. Il était derrière l'amie d'Okimi et avait un air plutôt menaçant vu comme ça...

" Il est temps qu'on vous soigne. Vous ne devriez pas être là, jeune homme. "

Pas question qu'on me soigne ! J'avais peut être rien à faire ici mais je les laisserais pas tuer Okimi avec leurs imbécilités ! Je resterais jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Pas question de la laisser tomber.

- Je reste avec Okimi tant qu'elle ne va pas mieux. Vous pouvez faire ce que vous voulez, je resterais avec elle.

J'avais encore dut passer pour un méchant avec le ton froid que j'avais employé, mais je m'en fichais bien. Encore une fois, ça ne m'importais peu. Si Okimi allait bien, c'était le principal. Je ne demandais rien d'autre. Je déposais finalement maladroitement Okimi sur son lit et m'asseyais sur une chaise à côté. je ne bougerais pas tant qu'elle n'irait pas mieux, ils pourraient dire ce qu'ils voulaient je ne bougerais pas. Même si je devais mourir je resterais avec elle tant qu'elle n'ira pas mieux. Et si ça ne leur plaisait pas, c'était pas mon affaire.

Le sommeil d'Okimi semblait plutôt agiter. je me demandais de quoi elle rêvait. Était-ce un cauchemar ou un de ses souvenirs ? Vu comment elle bougeait, elle devait se souvenir de quelque chose. Quelque chose de douloureux, surement. Je ne la réveillais pas. C'était mauvais pour elle et le médecin ne serait pas d'accord. Ni l'autre fille en plus... Mais bon, Okimi était la plus importante. Mais puisque les conditions exigeaient qu'on la laisse, je ne ferais rien. Il ne fallait pas l'embêter.

- NON !

Elle l'avait hurlé, désespérée, sans aucun doute. Ca devait être un souvenir. Un cauchemar ne l'aurait peut être pas autant ébranlée. Surement...
Elle se releva en sursaut, affolée. Elle respirait bien trop rapidement. Et dire que c'était en partit de ma faute... Je n'aurais pas dut venir. C'était stupide. C'était de ma faute. Tout était de ma faute, encore une fois. J'aurais dut mourir avant de la rencontrer, comme ça, elle n'aurait pas eu tous ces problèmes. Elle fixa le mur blanc d'en face l'air perdue puis reporta son regard sur moi. Avec la scène de tout à l’heure, je ne me sentais pas près d'affronter son regard. Je baissais donc les yeux. Okimi ramena ses jambes contre elle et soupira, visiblement prête à pleurer. Mais elle se reprenait. Elle aurait dut pleurer, ça lui aurait fait du bien.

- Haku ... Tu t'es fais soigné ?

Je ne répondais pas et allais à nouveau m'asseoir sur le lit à côté d'elle, posant une main dans son dos. Elle avait la respiration trop irrégulière, c'était mauvais. De plus, son coeur semblait battre trop vite. Il fallait bien faire quelque chose pour l'aider... Je ne savais pas quoi faire d'autre... Qu'est ce que je pouvais faire ?

- Okimi... Calme-toi, tout va bien.

Je ne pouvais pas sourire, ça aurait été bien pour la rassurer mais j'en étais incapable.
"Toute façon c'est ce que tu es... Un incapable."
Je soupirais et passais doucement mon bras valide dans le dos d'Okmi et posais ma tête sur son épaule. Il faisait toujours aussi froid maintenant que j'y pensais, mais je m'y étais à nouveau habitué visiblement puisque je ne tremblais plus. Je lui caressais doucement le dos en silence. je ne savais pas quoi rajouter d'autre. Je ne trouvais rien d'autre à faire ou à lui dire pour l'aider. C'était vraiment nul.
Je frissonnais soudainement, fermant les yeux, sentant une vive douleur dans ma poitrine. Je m'accrochais sans le vouloir à Okimi avec ma main valide et m'obligeais à arrêter de m'agripper comme ça pour recommencer à caresser son dos. Je sentais à nouveau le gout métallique du sang dans ma bouche mais n'en faisait rien, le ravalant juste sans rien dire. Il ne fallait pas que j'inquiète Okimi. La douleur revint à nouveau mais cette fois en moins soudaine, ne me faisant pas faire des gestes indésirés. Je ne bougeais plus, supportant la douleur.
Il fallait que je me concentre sur Okimi, et uniquement sur elle. Est ce qu'elle avait mal ? Et ce qu'elle avait cauchemardé ? C'était elle souvenue de quelque chose ? De quoi elle aurait put se souvenir ? La directrice ? Les combats ? Seto ? Seto... Surement... C'était plus probable et c'était surement le plus douloureux à se remémorer.

- Okimi... Tu pensais à Seto ?

Je l'avais murmuré très bas pour que l'autre fille et le médecin n'entendent rien. Okimi ne souhaitait surement pas qu'on lui pose des questions à propos de ça. C'était dur à aborder comme sujet pour elle. Sans aucun doute, ça la faisait souffrir.

Elle fixait toujours le mur. Je n'arrivais pas à la calmer, c'était peine perdue. J'étais vraiment un incapable. Je ne savais rien faire. J'étais nul. Elle n'allait pas bien. C'était de ma faute. Je ne pouvais absolument rien faire d'autre pour l'aider...

- Non rien ne vas Haku ! On est dans un hopital et c'est moi qui suis dans le lit alors que c'est toi le plus blessé ! Mais tu refuses de te faire soigner et moi j'ai envie de te convaincre mais j'y arrive pas ! Et tu te laisses gentiment mourir sauf que t'as pas le droit de mourir !

Comment ça rien n'allait ? Un hôpital ? Et alors... On allait pas y rester longtemps. Je n'étais pas blessé ! J'allais très bien ! C'était d'elle dont il fallait s'occuper ! Elle allait mal ! Elle allait mourir si ça continuait ! Par ma faute...
"Menteur... Tu ne vas pas bien."
Je m'en fichais ! Je m'en fichais ! Elle était plus importante. Je ne voulais pas qu'elle parte. Quoi qu'elle puisse dire, je ne changerais pas d'avis ! Je n'avais aucune importance alors il fallait qu'elle se préoccupe d'elle ! Sinon... Sinon... Je ne voulais pas qu'elle parte aussi ! Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas !

- Il a été appelé ... dans le petit théâtre ... C'est pour lui que les autres ont voté ... Ils l'ont forcé à faire ce qu'il répugnait ... Il a tué l'autre enfant ... Il ne voulait pas mourir ... Il a tué l'autre et il a pas arrêté de s'en vouloir ensuite ...

Donc je ne m'étais pas trompé. C'était bien Seto dont elle avait rêvée. Elle l'avait vu tuer un autre... Encore une fois quelque chose qui devait être trop lourd pour elle. Beaucoup trop lourd. Elle ne méritais pas d'être ainsi hantée. Elle ne méritais pas ça...

- Okimi, c'était un mauvais souvenir... N'y penses pas et ne garde pas ça bêtement pour toi. Si ça fait trop mal pleure, d'accord ?

Je la serrait plus fort contre moi, toujours les yeux fermés. Je sentis une nouvelle douleur plus puissante que la première mais n'en faisait rien, m'obligeant à garder une respiration normal et à ne pas m'accrocher à elle pour ne pas l'inquiéter. Elle était prioritaire. Elle devait passer avant moi. C'était vital.

Elle secoua la tête, comme si elle pouvait s'opposer à elle même. Je savais pourtant que c'était trop lourd à porter pour elle. Bien trop lourd... D'ailleurs, elle ne put se retenir de pleurer puisque des larmes coulèrent sur ses joues. Je la sentais baisser la tête, surement pour regarder le drap. Pour quoi faire ? Elle souffrait bien trop. C'était de ma faute. Elle ne devait pas souffrir autant... Elle ne le méritait pas. Elle serra les poings.

- Ne rien garder ... Il y aurait trop de choses à dire ...

Mais je l'écouterais, alors, elle n'avait pas à s'inquiéter. Je resterais à l'écouter, comme je l'avais fait avec Lya. Je supporterais ses plaintes, ses soucies... Je resterais avec elle...
Elle leva la tête vers moi et je la regardait. Qu'est ce qu'elle avait ? Elle essuya ses larmes en silence, toujours en me regardant. Ca m'inquiétais... Je ne voulais pas qu'elle parte. Elle allait partir, elle allait s'autodétruire sans que je ne puisse rien faire, c'était évident.

- Je sais que tu vas mal ... S'il te plait, laisse les te soigner ... T'es pas obligé d'aller dans une autre chambre mais il faut qu'ils te soignent ...

Elle inspira longuement, à la limite de l'explosion. Elle gardait encore tout pour elle...
Elle trouvait juste le moyen de s'inquiéter pour les autres, c'était stupide. Surtout que je n'avais pas besoin qu'on me soigne. Plus vite je mourrais, mieux ça sera. Il fallait que je lui dise. Il ne fallait pas qu’elle continue à se tuer à dire des absurdités. Surtout que je n'avais pas mal. Je me faisais surement des illusions. Cette douleur ce n'était surement rien. Même si ça faisait mal ça ne voulait rien dire par apport à elle.
Je prenais la main d'Okimi dans la mienne.

- Ecoute Okimi... Pour ce qui te fais mal ne cache pas tout... Ne te fais pas mal toute seule. Ensuite, je pourrais t'écouter quand tu voudras quand tu iras mieux. Mais s'il te plaît, repose toi et arrête de penser aux autres... Tu es plus importante, d'accord ?

Je m'arrêtais pour tenter de reprendre mon souffle, m'apercevant que je fatiguais plutôt vite à parler comme ça. J'avais toujours une douleur à la poitrine mais je m'en fichais. Même si ça commençait à me brûler et à limite m'étouffer. Je tenais toujours sa main pourtant. Je prenais une nouvelle inspiration.

- Ensuite, je vais très bien. Je peux marcher et utiliser un bras, je ne demande rien d'autre. Je n'ai pas besoin qu'on me soigne, toute façon, je suis résistant. Alors repose-toi et ne t'en fais pas pour moi.

Je l'obligeais à se coucher, restant près d'elle. Je la regardais toujours, tentant tant bien que mal d'afficher un air neutre, bien que la douleur soit de plus en plus insupportable. je me retournais juste à temps pour cracher du sang. Pas encore... Je cachais ma main et la regardais.

- T'inquiète pas, je vais bien !

Je ne souriais pas mais affichais un air détendu. Il ne fallait pas l'inquiéter. Non. Il ne fallait pas l'inquiéter. Il fallait qu'elle se rétablisse. Il fallait qu'elle aille mieux.