Naissance d'un prince...
Je fais partie de ceux dont le destin est tout traçé dés la naissance puisque j'ai vu le jour dans l'une des dernières plus prestigieuses familles de la noblesse française : la famille des De Lioncourt qui détient aussi l'une des plus grandes fortunes.
Je suis, il est vrai, né avec une cuillère en argent, néanmoins j'ai dû dés mon plus jeune âge faire face à tous les protocoles et règles de bienséances dûs à mon rang de noble. Bien entendu, lorsque j'ai été en âge de parler correctement et d'apprendre, mes parents engagèrent les meilleurs professeurs particuliers afin de me donner une scolarité comme tous les autres enfants en plus des cours de danse et autres cours de musique ou d'équitation afin d'être un noble accompli.
A l'adolescence, j'ai dû être confronté aux bals et autres soirées mondaines dans lesquelles des jeunes filles de mon rang venaient dans le but de me rencontrer et que je fasse de l'une d'elle ma fiancée. Seulement voilà, ces mondanités me fatiguaient plus qu'autre chose et les manières de ces filles encore plus. Je sais très bien que ces dernières ne faisaient que ce que l'on leur avait appris mais leurs mainères parfois voire souvent exagérées me rebutaient au plus haut point...à un tel point d'ailleurs que mes parents finirent par se demander si je n'avais pas un penchant pour les garçons.
S'ils en étaient arrivés à se poser cette question, c'est sans aucun doute que mon comportement froid et dénué de tout intérêt pour la gent féminine de la noblesse y est pour quelque chose. Finalement, pour moi, ces filles se ressemblaient toutes et très vite je trouvais n'importe quelle excuse pour quitter les soirées mondaines...
Pourtant, je suis bien tombé amoureux de quelqu'un mais pas d'une fille...
Un fruit défendu nommé Sebastian...
Durant mon enfance et mon adolescence, je ne me souviens pas avoir fait de caprice particulier et à bien y regarder, le seul que j'ai vraiment dû faire, je l'aie sans doute fait à l'âge de 15 ans.
Il faut savoir que dans ma famille, chacun des membres a son propre majordome et je ne voyais pas pourquoi je devais dérogé à cette règle. Alors j'ai demandé à mes parents d'avoir mon propre majordome. D'abord surpris par ma demande, mes parents décidèrent toutefois d'y accéder en me disant qu'ils en engageraient un qui soit plus âgé que moi...
"Vous vous plaignez sans cesse que je ne parle avec personne et me prendre un majordome plus âgé que moi ne changera rien, bien au contraire. -avais-je alors dit à mes parents avec ma froideur habituelle.
- Et si nous te trouvons un majordome de ton âge, mon fils?" me demanda ma mère.
Je me suis contenté de hausser les épaules en répondant "on verra bien" puis j'ai tourné les talons pour aller dans ma chambre.
Et quelques jours plus tard...
"Knock! Knock!"... Deux coups à ma porte puis le majordome de mon père qui m'invite à les rejoindre ma mère et lui dans le hall d'entrée de notre manoir. En silence, je me contente de hocher de la tête avant de me lever de mon bureau où je faisais mes devoirs. Sans un mot je sors de ma chambre et suis Claude jusqu'au bas des escaliers où je vois mes parents discuter avec quelqu'un.
Lorsqu'enfin j'arrive à leur hauteur, mes parents se retournent et me regardent avec un grand sourire.
"Ciel! Te voilà, mon fils. Nous t'avons trouvé quelqu'un et je pense qu'il va te plaire."
Mes parents s'étaient alors écartés afin que je puisse faire connaissance avec celui qui me servirait pendans cinq années consécutives. Je m'attendais à quelqu'un de banal que je trouverais sans aucun doute ennuyeux à mourir à la longue mais pas du tout à la vision qui s'offrait à moi au fur et à mesure que mes pas me dirigeaient vers mon futur majordome...
C'est alors que je le vis ... Une peau au teint de porcelaine, jusqu'ici observée chez les filles, une chevelure aussi noires que les ailes d'un corbeau, des yeux rouges sang et surtout une beauté irréelle pour un garçon de son âge. J'avais aussi remarqué la couleur noire de ses ongles et cette étrange marque de naissance sur le dos de sa main droite mais j'étais trop subjugué par sa beauté intemporelle pour m'attarder sur ces deux détails.
Aussitôt en face de lui, je le vois s'incliner poliment avant de poser un genou à terre...
"My Lord."
Deux mots...deux mots ont suffit pour que sa voix m'envoûte et déclenche chez moi un sentiment que je ne connaissais pas encore...
"Comment tu t'appelles? lui avais-je alors demandé.
-Sebastian Blackcrow, Monsieur. m'avait-il répondu en inclinant la tête.
-Quel âge as-tu?
-15 ans, Monsieur..."
J'avais regardé un instant Sebastian avant de tenter cette question qui me brûlait les lèvres. J'avais entendu dire qu'il avait été adopté par un couple d'une famille noble franco-anglaise et je me demandais bien pourquoi il avait décidé de travailler alors qu'il aurait pu tout aussi bien ne rien faire et profiter de l'argent de ses parents adoptifs.
"Tu es issu d'une famille noble toi aussi, Sebastian. Alors pourquoi vouloir te mettre à mon service en tant que majordome?" avais-je alors tout de même tenté.
Il ne me répondit pas tout de suite mais releva les yeux pour me regarder en face puis après deux longues interminables minutes de silence...
"Veuillez excuser mon impertinence, Monsieur, mais je ne peux répondre dans l'immédiat à votre question. " avait-il répondu en baissant de nouveau les yeux.
Je n'ai pas insisté sur les raisons qui l'ont amené à me servir, me disant que s'il le souhaitait vraiment, il finirait bien par m'en parler de lui-même.
Pour la première fois de ma vie, quelqu'un réussissait à me faire sortir de ma coquille et à me faire parler sans prendre ce ton froid et distant qui me sont propres et habituels. Je pensais que malgré ce premier contact plutôt positif mes vieilles habitudes reprendraient le dessus mais contre attente cela ne se produisit pas.
Au fur et à mesure que les jours, les semaines, les mois et les années passèrent, je devins peu à peu un peu plus bavard grâce à Sebastian mais pas seulement...je me rendis bien vite compte que mon attirance et mon désir pour lui grandissaient aussi. Cependant, je m'aperçus également que cette attirance et ce désirs étaient réciproques chez Sebastian...et je ne fus pas le seul car mon père commença à nourrir des soupçons sur les natures de notre relation à mon majordome et moi.
Les jours, les semaines, les mois, les années passèrent et notre attirance ainsi que notre désir l'un envers l'autre grandissaient toujours un peu plus à chaque fois...à un tel point que bientôt ces deux sentiments prirent une tournure à la fois passionnelle et obsessionnelle pour chacun de nous. Était-ce pour ne pas m'embarrasser devant mon père ou bien était-ce à cause du poste qu'il occupait? Je ne le saurais jamais mais toujours est-il que Sebastian semblait lutter comme il le pouvait pour ne pas céder à la tentation et le voir devoir se forcer à souffrir ainsi m'étais insupportable.
Alors, un soir dans ma chambre tandis qu'il m'aidait à m'habiller pour me coucher ...
"Sebastian, je ne peux plus tenir. Jusque là, j'ai toujours fait en sorte de ne pas montrer ce que je ressens pour toi mais j'ai mes limites! lui avais-je alors dit.
-Mais Monsieur...? commença mon majordome.
- J'en aie assez! Je me fiche de ce que pourra me dire mon père mais je..."
Ma phrase, je ne l'aie jamais terminée car à la place j'ai cédé à cette envie pressante de sentir ses lèvres contre les miennes qui me torturait depuis quelques années déjà. Si au début Sebastian a été surpris, il a néanmoins, à son tour, cédé à son envie semblable à la mienne. J'ai commencé alors à défaire la cravate et les premiers boutons de la chemise de Sebastian tout en continuant à l'embrasser fougueusement.
Au moment où notre baiser devint plus passionné, la porte de ma chambre s'ouvrit avec grand fracas sur mon père qui nous adressa un regard dans lequel on pouvait lire un mélange de colère, de dédain et de dégoût devant le spectacle auquel il venait d'assister. Sebastian détacha bien vite ses lèvres des miennes et reboutonna sa chemise avant de nouer de nouveau sa cravate avant de se confondre en excuse devant mon père qui lui décréta que sa journée venait de se terminer à l'instant avant de le sommer de regagner sa chambre.
Sebastian s'exécuta sans un mot mais me jeta tout de même un dernier regard avant de passer la porte de ma chambre pendant que mon père commençait à me vociférer dessus...mais depuis, je ne l'aie plus jamais revu au manoir.
Le lendemain à mon réveil, ce n'est pas Sebastian qui s'est présenté dans ma chambre avec mon petit-déjeuner mais le majordome de mon père. Lorsque je lui aie demandé où était Sebastian, Claude me répondit qu'il était parti de bonne heure en laissant une lettre à mon attention. Me disant cela, il poussa vers moi une enveloppe blanche crème avec pour seul titre "Pour Monsieur mon Maître".
Immédiatement, je me saisis du couteau présent sur le plateau et ouvrit l'enveloppe pour en sortir une feuille aux armoiries de ma famille...
"Monsieur,
Quand vous lirez ceci, je serais déjà bien loin du manoir de votre famille...Sachez avant toute chose que, contrairement à ce que mon départ précipité pourrait à laisser penser, je ne regrette aucunement ce qui s'est passé hier soir dans votre chambre.
Cependant, j'ai faillit à ma tâche de majordome et je ne souhaite pas vous embarrasser devant vos parents plus que vous ne l'étiez déjà hier soir lorsque votre père nous a surpris en entrant dans votre chambre. Je n'ai donc pas eu d'autre choix que de partir afin de ne pas vous compromettre davantage.
Lors du jour de mon arrivée dans la demeure de votre famille, vous m'aviez posé une question à laquelle j'ai préféré ne pas y répondre dans l'immédiat, quitte à vous paraître impertinent. Vous en souvenez-vous? Vous m'aviez demandé quelle raison m'avait poussé à travailler pour vous alors que je venais, moi-même, d'une famille plutôt aisée..."
Un sourire triste apparut sur mon visage en lisant ces premières lignes écrites de sa main. Oui, je me souviens parfaitement de cette question à laquelle j'allais enfin avoir une réponse en lisant la suite de sa lettre...
"...Eh bien, il se trouve que je me suis retrouvé dans votre famille, sur les recommandations de mes parents adoptifs. En effet, ils se sont aperçus que j'avais développé très jeune des dispositions à organiser des fêtes et des soirées mondaines avec goûts et ont donc pensé que pourrais déployer mes talents au sein du Manoir des de Lioncourt.
Voilà une des raisons expliquant ma présence, jusqu'à aujourd'hui, au sein de votre famille. La seconde raison est que je voulais faire de mon talent, ma profession et ouvrir ma propre entreprise spécialisée dans l'événementiel mais pour cela, il me fallait travailler pour acquérir les fonds nécessaires à la création de mon entreprise...seulement, je me voyais mal vous le dire dés mon premier jour.
Maintenant vous savez tout et je souhaiterais que vous sachiez que vous occuperez toujours une place dans mon coeur mais vous comprendrez que je ne peux plus rester au sein du Manoir de Lioncourt après ce qui s'est passé hier soir.
Vous me manquerez mon Maître...
Bien à vous...
Votre Majordome, Sebastian."
Pour moi, ça ne pouvait pas se finir comme ça. Alors une idée germa dans ma tête et aussiôt, je pris des cours afin d'entrer en tant que conseiller principal d'éducation dans un lycée. Très vite mon travail acharné porta ses fruits et je pus postuler à ce poste au sein du Lycée Sweet Love que j'occupe à présent.
Je cherche à retrouver mon ancien majordome et j'ai entendu dire que ce dernier avait organisé un bal pour ce même lycée. J'espère l'y croiser un jour...