Je lisais quand j'ai reçue le coup de téléphone. J'étais posée sur le canapé du salon, mes lunettes de vues sur le nez et un bon gros bouquin posé sur mes genoux. Il s'agissait d'un livre sur l'estime de soie et les maladies psychologiques causée par un puissant manque de confiance, fascinant non ? Je suis sur que si quelqu'un me voyait lire ce livre, il me traiterait de folle directement. Enfin bref, je l'ai trouvé dans la bibliothèque de ma mère, elle est psychologue et a plein de livre très intéressant sur le fonctionnement de l'esprit humain. Bref, je ne vais pas m'attarder la dessus. Je disais donc que j'ai reçue un coup de téléphone en fin d'après midi, vers 17h30. Un homme au téléphone m'annonçait être le patron du café au centre ville. Il avait reçu mon cv et voulait que je fasse une soirée "test" pour expérimenter mes capacité de serveuse avant de commencer un contrat de travail a mi temps. Après son appel, je reposais le combiné doucement, j'étais vraiment très stressée à l'idée de faire mes preuves.. Ça me donnait une telle pression que mes joues devenaient rouge écarlate rien que de penser au soir qui m'attendait. Malgré tout, je n'ai pas paniquée et je suis vite partie me préparer pour la soirée ! Le patron était clair : belle coiffure et tenue de service obligatoire. La "tenue de service" en question est une robe noir à dentelle blanche assez courte munie d'un petit tablier et d'un serre tête. Mmm.. Personnellement je la trouve très belle mais je ne sais pas si elle ira bien sur moi .. En la sortant de son sachet, je ne peux m'empêcher de sourire niaisement, *tu l'aurais adoré cette robe, shin*
Bref ! Pas le temps de parler, je fonce dans la douche. Sous l'eau chaude, je repense encore à Shin et des larmes se mêlent au goutte chaude qui roulent sur ma peau... C'est toujours pareil, je pleure comme un bébé des que je pense a lui.. Sa mort est sûrement trop récente, voilà tout. Mais Je préfère penser à lui sous ma douche, ainsi personne ne peux me voir pleurer..

La robes enfilées et le serre tête ajusté, je fonce au centre ville pour m'introduire dans le café à 18h05. Le patron me passe un savon parce que je suis arrivée 5 min en retard.. Je lui souris niaisement en m'excusant avant d'aller travailler. Ça me gêne un peu de faire des aller et retour dans cette tenue mais ma gène n'alterne en rien mon enthousiasme. Les clients commence à affluer vers 19h30 et la clientèle masculine se montre très... Sympathique en me voyant. Un café par si, un menu par la, une bière, un coca..etc
Le collègue serveur qui me donne un coup de main s'appel Anthony. C'est un blond très mignon et timide qui a un an de plus que moi. Il a beaucoup de mal à suivre la cadansse des commande alors je l'aide comme je peux ! A un moment, au moment d'une tournée de bière sur une table de cinq homme très bruyant, Anthony renverse le plateau sur lequel était posé les boissons.. Les liquides se déversent alors sur les vêtements des cinq hommes qui remplace leur discutions par des râlent et des insultes. Anthony panique, des larmes lui monte aux yeux. En voyant ça, j'essaye d'intervenir immédiatement. J'apporte des serviettes tout d'abord puis je me colle a Anthony avant de présenter nos excuses a tout les deux. Les cinq hommes partent tout de même furieux. Pendant que je les voit partir, j'aperçois Anthony qui se précipite a l'extérieur, je le suis aussitôt. Le pauvre retenait ses larmes et il commençait a se traiter lui même d'idiot et d'incompétent. Je m'approche doucement de lui, j'essaye de le rececesir car la soirée n'est pas terminée... Je n'aime pas voir les gens dans de telles états ... Alors je lui raconte simplement que ce n'est pas si grave, que l'erreur est humaine et qu'il n'a rien a se reprocher. Je lui ai même racontée que j'étais plus nulle que lui quand j'ai débutée à Paris. Ça le calma un peu.
Nous sommes rentrées à l'intérieur et le patron nous a demandé des explications concernant les hommes fâches ainsi que notre pause non justifiée. J'ai simplement menti en disant que j'avais des nausées ce soir et que j'avais perdue l'équilibre avec les bières. Anthony me regardait mentir, surprit et très gêné... Le patron ne me réprimanda pas et Anthony me remercia. D'après ce que j'avais pu comprendre, mon collègue serveur avait plus besoins d'argent que moi... Alors si je me faisait virer, ça ne serait pas si grave, je pourrais trouver un autre travail. Je souriais doucement a Anthony pendant que je retournais travailler.

J'aime beaucoup le contact alors je passe un agréable moment. Tout le monde est très sympathique et le patron semble comblé, heureusement pour moi. L'horloge sonne 23h et également la fin de mon service. Je suis relativement satisfaite de mon travail et le patron semble l'apprécier aussi.

"C'est très bien Haru. Tu fournis un travail remarquable ! Tu e efficaces et souriante, tu es parfaite pour le job."

Je remerciais le patron avant de partir dans la rue, un grand sourire de satisfaction sur les lèvres. Anthony me rattrapa en courant pour me remercier avant de partir, joyeux. J'étais comblée.
Je prenais la direction du retour en marchant lentement. Ma robe de serveuse ne me couvrant pas beaucoup, j'avais un peu froid mais surtout j'avais très faim et ma tête commençait a tourner de vertige. Heureusement, le patron nous avait donnée, a moi et Anthony, un petit panier repas après le service. Il devait y avoir au moins deux sandwichs, un croque messieurs, deux muffins au chocolat et une pomme. En marchant dans la rue, je repensais avec appétit à cette nourriture qui se tenait dans le petit sac plastique de ma main droite et j'ai finalement décidée de me poser sur un banc humide en plein centre ville. La rue piétonne était vide, c'était très calme et très sombre sans pour autant me poser problème. Je déballais le croque messieurs quand un bruit de verre vint me faire frissonner. Je scrutais alors autour de moi, abandonnant la nourriture au plastique et commençant à trembler de peur... Ou de froid ? Je n'aurais pas su dire. Soudain, une bande de type apparaissait devant moi en sortant d'une ruelle, bouteilles a la main et très bruyant. Ils ne semblaient pas m'avoir vus. Je décidais de partir aussi discrètement que possible en me levant du banc mais l'un deux pointa son gros doigts dans ma direction avant de prévenir ses copains. Je frissonnais. Ils s'approchaient de moi pendant que j'essayais de les ignorer et de partir. Évidemment, ils me rattrapèrent en courant et l'un deux me bloqua le passage en pointant son visage tout près du mien. Je sursautais en lappercevant.

"Mais oui, c'est bien elle !" Fit il a ses compagnons.

Je ne comprenais pas, il ne me semblait pas les avoir vus avant. J'essayais de reculer mais un corps massif me bloqua par derrière et me tenant le poignet droit, je commençais a maffoler.

"Euh.. On.. On se connaît ?" Fis je en souriant peureusement.

"Tu ne te souviens pas de nous ma jolie ? Moi je te reconnais très bien dans cette tenue de chaudasse." Rigolait un autre en passant ses doigts sur ma robe.

A son contact sur moi, jeu un mouvement de recule avant de réaliser.. Ses hommes sont ceux sur lesquels Anthony a renversé les bières dans le café.

"Je crois quelle vient de comprendre !! Dis donc, tu vas payer pour ton copain incompétent et tu vas venir t'amuse avec nous pas vrai ?"

"Il n'est pas incompétent !" Dis je en ripostant faiblement

"Oh que si ! Il étais ridicule dans sa tenue de serveur, on aurait dit une merde qui n'avait rien à faire la !"

"Il étais tout sauf ridicule ! Et il est aussi important que vous ou moi... Vous ne devez pas parler de lui comme ça.. Tout le monde a le droit de se tromper non ? .." Je ne me sentais pas bien en disant ça, ma tête tournait de plus en plus à cause de la faim et j'étais paniquée.

Les hommes rigolèrent en m'écoutant, ils commencèrent à vouloir m'entraîner avec eux, l'un déposait sa bouche sur ma peau, un autre glissait une main sous ma robe ... Un homme baraqué me tenait fermement par les poignet et les épaules, je ne pouvais pas me débattre, ils empestaient l'alcool. Alors j'essayais dappeller a l'aide, mais on me bloqua la bouche avec une grosse main... Je lâchais le sac remplie de nourriture et je commençais a pleurer pendant qu'on étouffait mes cris...

Je ne comprenais pas trop, j'étais tellement affolée que je n'entendais plus ni espérais. Je voyais tout en noir, les yeux grand ouvert, pendant qu'une larme douloureuse roulait sur ma joue. Pourquoi je finissais toujours dans ce genre de situation ? Je viens d'arriver dans cette ville pour repartir de zéro et tout part de travers, un coup du sort trop injuste... Je ne suis pourtant méchante avec personne, au contraire, j'essaye de bien faire et au final, c'est moi qui en pâti, comme punie. Qu'est ce que tu dirais en me voyant comme ça, Shin ? Tu t'énerverais, bien probablement, pour m'agiter un peu mais surtout pour mon bien. Je t'avais promis de faire des efforts, tu te souviens ? Pourtant je n'y arrive pas.. Je me souviens que parfois, pour me motiver, tu me rappelais une histoire que j'écoutais quand j'étais petite. L'histoire d'une fille qui fut offerte en offrande au dieu de la mer. Tu me comparais à cette fille trop gentille... Le village allait choisir une jeune femme pour le sacrifice mais, une douce demoiselle qui était alors la plus gentille du village, se porta volontaire pour sauver ses sœurs, croyant bien faire. Elle fut envoyer sur l'océan ou le dieu de la mer l'a recueillit pour l'emmener dans les profondeurs et la noyer. Puis tout le monde l'oublia.
Je parais peut être bête à m'attacher à une histoire d'enfant, comme une référence. Mais je pense que ... - Ca va pas de vous en prendre à quelqu'un comme ça ?

Une voix vint casser le silence, fracasser l'espace et le temps, une voix agréable.. Je pensais l'imaginer. Mais non. En même temps que la voix, les hommes cessèrent et les mains se retirèrent. Je respirais enfin. Je profitais de ce moment de relâchement pour regarder en direction de la voix, par curiosité, par surprise, pour découvrir une chose à laquelle je ne croyais plus.

Il y avait un garçon, blond je crois, avec des yeux magnifiques.. Il lançait un regard sérieux qui lui allait bien, comme si la scène à laquelle je participais sans l'avoir voulue l'énervait au plus au point. J'étais contente et rassurée, que quelqu'un m'ait vu dans l'obscurité, que quelqu'un m'ait entendue. Mais quand les types se tournèrent vers lui, je réalisais qu'il allait avoir des problème. J'essayais de protester faiblement. "V.. Va t'en !"

Ma voix fut couverte par l'agitation qui suivait. Le garçon écarta les hommes rapidement pour les éloigner de moi. Je réalisais enfin qu'il était la pour m'aider... Des larmes naissantes terminaient leurs chemins sur mes joues, rassurée et enfin libérée. Quand les hommes me lâchèrent, mes jambes me laissèrent tomber sur le béton et je me retrouvais assise. Le garçon se posta devant, comme un mur chaud, il me séparait des cinq hommes avec une présence inexplicable.

- Déguerpissez ou je vous mets en pièce. Rétorqua t-il avec une autorité digne d'un homme adulte. J'étais impressionné par son sang froid.

"Dis donc morveux ! Qu'est ce se tu fou la ?!" Fit l'un en le menaçant du poing.

"Tu vas morfler pour t'être interposé entre nous et cette nana !" Protesta un second.

Je retrouvais mes forces et réalisais la situation qui devenait peu a peu dangereuse. Pourquoi morveux ? Il devait bien avoir mon âge ce garçon ! Je le sentait, qu'à travers sa petite taille et ses traits d'enfant, il était presque aussi âgé que moi. Ça se voyait.. Dans son regard.
Doucement je me levais avec un regard fatigué avant de venir près du garçon aux cheveux blond. J'haletais discrètement, encore choquée par leurs gestes.. Je réajustais ma robe dans le peu de dignité qu'il me restait. Mes yeux étaient encore humide mais la vision trouble qu'ils me causaient n'altérait en rien ma volonté.

"Je vous interdit de le toucher." Fis je d'une voix douce et froide à la fois, comme une sœur qui défend son frère.

Je ne le connaissais pas. Mais le fait qu'il soit intervenue pour m'aider montre bien que c'est quelqu'un de profondément gentils et juste, je le pense vraiment. Je n'arrive pas a me défendre moi même. Déjà petite, Je laissait les autres m'insulter sans rien dire quand Shin n'était la. Je souriais bêtement avec une mine malheureuse, comme si je méritais ce qu'il m'arrivait. Mais quand il s'agissait de quelqu'un d'autre, je ne supportait pas, je haïssais en silence tout en me manifestant dans le peu de courage que j'avais. Je faisais pareil aujourd'hui.

"S'il vous plait, aller vous en maintenant.." Terminais-je avec une voix fatiguée et tendre suivit d'un petit sourire timide et malheureux.

"Tu nous parle comment connasse ?!" Cria un des types en se jetant vers nous.

En le voyant venir, j'eus un mouvement de recule et de peur, je me suis mise à prendre doucement et rapidement la main du garçon, à peine serrée, comme pour lui communiquer ma peur, celle des types et celle de le voir blesser par ma faute. Je ne sais pas si j'avais fait exprès de le toucher.. Peut être fut ce un réflexe ou exprès, je n'aurais pu dire, mais dans tout les cas, ce contact indiquait que je lui faisais confiance et que je comptais sur lui. Je n'aimais pas la violence, personne ne méritait de souffrir en quoi que ce soit, même pour avoir provoqué la mort.. Si on doit rendre la violence reçue à celui qui nous l'a donné, alors ça finira de manière prévisible, dans le sang et les pleures.

Je me remémorais un souvenir lointain, un de ceux qui marque par leur importance. Je me revoie pleurer pendant que Shin saignait de la tête. Pourquoi serait-ce moi qui pleurs alors que c'est lui qui souffre à ma place ? ...

"C'est bien que tu pleurs" dit il en séchant mes larmes. "Tu pleurs pour moi."

Je réalisais. Je voulais pleurer pour lui, être ses larmes et sentir son coeur, je voulais l'aider, quoi qu'il advienne, car il en faisait déjà tant pour moi ....

"Mais je préfère quand tu souris." rajoutait-il en m'enlaçant. Alors, malgré la tristesse qui me submergeait, je souriais.


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Le garçon disait que ce n'était rien. Comment cela pouvait être rien ? Il était blessé ! Et bien sur que si c'était de ma faute ! Que croyait-il ? Que j'étais assez bête pour penser le contraire et me dire que tout allait bien ? Je ne comprenais pas sa réaction, ça me rendais encore plus mal. Il semblait ne pas s'inquiéter et pourtant...

- Tu es sûre toi par contre que ces types ne t'ont pas fait une quelconque blessures ou autre ?

Blessée ? Je réfléchissais un moment puis je réalisais que je n'avais même pas regardé si j'allais bien, mais quelle importance ? J'essayais de me regarder un peu pour déceler la présence de blessures en me remémorant l'agression. Ah oui.. Mon poignet droit.. J'avais un peu mal, ils avaient serrés trop fort, on pouvait voir des traces rouge..Mais je m'en fichais. Face aux blessures du garçon, ma douleur n'était surement pas comparable. Je dissimulais mon poignet discrètement avant de sourire bêtement en disant que tout allais bien. En revanche, J'aurais aimer regarder ses blessures. Juste voir pour essayer d'extraire les morceaux de verre.
*Soit pas nouille Haru ! Tu peux pas lui enlever ça comme ça !*
Ah oui, zut. Il faut du matériel médical pour extraire tout ça. J'ai de quoi faire à la maison mais il n'acceptera jamais de me suivre ! Ou bien j'emmène tout ça ici pour le soigner sur place ?

Je m'embrouillais. Je regardais le garçon en réfléchissant avant de me décider. Je me penchais un peu en avant en souriant. Je voyais bien qu'il n'était pas très à l'aise, alors je préférais ne pas trop montrer mon inquiétude pour l'ennuyer davantage. Je souriais en cachant mes vrais penser, la chose pour laquelle j'étais douée. Mon sourire n'était pas faux, il était vrai, mon regard aussi. J'avais l'air peut être bête, ridicule et navrant, mais j'étais comme ça, à sourire agréablement peut importe la situation, un sourire sincère et délicieux. On confond souvent la gentillesse avec la bêtise, peut être parce que les deux s'accorde bien ? Pourtant moi je ne trouve pas que s'inquiéter pour les autres soit stupide, au contraire. J'approchais mon visage en plongeant mes yeux dans ses prunelles océan puis je m'exclamais enfin, dans une douceur naturelle.

"Dis, tu me laisserais regarder un peu ton dos s'il te plait ? Ça me rassurerais vraiment.." Fis je aussi calmement que possible en montrant mes bonnes intentions.

Je préférais aller en douceur. D'abord me rendre compte de ses blessures avant d'envisager quoi que ce soit. Bon, c'est vrai que ça faisait bizarre que je m'inquiète autant et que j'oublie l'accident aussi vite. Mais je m'en fichais, de l'agression. Cela avait peu d'importance. On me fait mal puis j'oublie, j'ai l'habitude. Et puis, je ne voulais pas effrayer ni inquiéter ce mignon petit jeune homme à qui je devais tant.

Quand il m'autorisait à le regarder, je le laissais se tourner et me montrer son dos pendant que je le remerciais. Il n'avait pas très envie de retirer son t-shirt, je le sentais, alors je n'insistais pas.  D'ailleurs, la façon dont il m'avait répondue ne me donnait pas envie d'insister.. Il m'avait autorisé à le toucher avec une rétissance dissimulée. Pourtant, je trouvais ça normal de m'inquiéter pour ses blessures. N'importe qui l'aurait fait.

Je me contentais de me pencher sur les blessures en restant stoïque. J'observais avec attention où se situait les petits bouts de verre, passant ma main de temps à autre sur le t-shirt pour sentir les éclats de verre. La vérification fut brève car il n'y avait pas tant de morceaux que ça. Quatre bouts en tout, enfoncés partiellement dans la chair. Par contre le t-shirt est foutu. Je soufflais de soulagement. Je me redressais enfin, rassurée que les blessures soit si maigre, puis je m'exclamais.

«Tes blessures ne sont pas si grave, je suis un peu rassurée ! Je t'aurais soignée avec plaisir mais je n'ai rien sur moi qui puisse t'aider.. » disais je en souriant de soulagement.

Ce garçon m'intriguait vraiment. Peut être qu'il était mal à l'aise ? Peut être parce qu'il n'aimait que je m'inquiète autant … C'était difficile à décrire en fait.. Pendant que je réfléchissais, mon regard se perdait dans la vague. Je continuais à le fixer intensément.  Puis ma tête commençait à tourner.

Mon sourire changea et mon visage se tendait pendant que mes yeux mi-clos ne me laissaient plus rien voir. Ah mince... C'est vrai que je n'ai rien mangé depuis des heures. Je regardais le sac plastique contenant la nourriture gâchée et piétinée au sol. Plus rien n'était mangeable. Je commençais à me sentir vraiment mal, ma vision semblait se dédoubler et je ne sentais plus ni percevais. Je savais bien que j'aurais dû me ménager pendant le travail et me dépêcher de rentrer à la maison ... Mes jambes tremblaient discrètement puis me firent perdre l'équilibre. Je basculais en avant.  

Je n'entendais plus pendant un moment. Mon corps était devenu si lourd que je ne me sentais plus la force de le porter. Pourtant, je ne me sentais pas toucher le sol quand je basculais. On me retenait. Je n'arrivais plus à parler alors je me contentais de me laisser faire. C'était sûrement le jeune garçon …
A un moment, il me semblait sentir de la chaleur, l'air s'était réchauffée et je me sentais moins frissonner. On me déposait sur quelque chose. J'entendais du bruit autour de moi, ça me frustrais. Je voulais absolument ouvrir les yeux mais je n'en avais pas la force. Je gardais simplement la bouche un peu ouverte pour respirer convenablement. Mais où j'étais là ?

Puis on me posait quelque chose de chaud sur les lèvres avec .. un goût de métal je crois. Une cuillère ? Je sentais un liquide chaud et salé glisser dans ma bouche, il avait le goût de légumes, de carotte et de poireau je pense...Je l'avalais.

« C'est ça, avaler. » fit une voix âgée avant de me réintroduire encore du liquide sur le bord des lèvres.

J'ouvrais doucement les yeux en profitant du bouillon qu'on m'offrait. Je profitais pleinement de cette source d'énergie pendant que mes joues se teintaient de rouge à cause de la soudaine chaleur.
J’apercevais devant moi une veille dame à la poitrine plantureuse et aux mains tremblantes, elle semblait me nourrir à la petite cuillère comme les bébés, portant à ma bouche affamée quelques petites doses de soupe chaude. A côté d'elle se tenait le jeune garçon.
Je récupérais vite, si bien que je pouvais tenir la cuillère moi même au bout de quelques minutes. J'avalais le bouillon d'une traite en remerciant joyeusement la veille Dame.

« C'est rien ma petite, mais tu devrais faire attention à toi. Traîner dans les rues le soir c'est pas prudent quand on meurt de faim. Heureusement que ton ami était avec toi. »

« Mon ami ... » Murmurais-je, surprise.

Je me tournais vers la tignasse blonde en souriant bêtement. Je ne sais pas comment il allait le prendre mais dans tout les cas, ça m'amusait et ça me complimentais presque de le prendre pour mon ami. Mais comment allait-il le prendre, lui qui semblait si renfermé ?

« Je vous remercie Madame ! » Ajoutais-je quand elle se dirigeais vers la cuisine.

« Et je te remercie aussi ! » dis je en souriant et en me tournant vers le jeune garçon qui m'avait ramené ici. « ça va faire deux fois que tu me viens en aide ! »

J’oubliais presque son dos. J'étais tellement embarrassée de m'être retrouvée chez quelqu'un que je ne connaissais pas pour recevoir de l'aide que mon esprit s'évaporait un peu. J'allais bien mieux, mes forces revenaient doucement. Quand la veille revenait, elle avait avec elle une trousse de secours. Aïe, avait-elle aperçue les blessures dans le dos du garçon ?

Ça me rassurait vraiment qu'elle s'occupe de ses blessures.. J'étais persuadée qu'elle prendrait bien soin de son dos. Je souriais toujours en regardant la veille femme déballer son matériel de soin, comme si je la remerciais d'avance. Je n'aimais pas le fait qu'il se soit blessé en m'aidant, par conséquent, je prenais très à cœur le fait qu'il soit soigné.

« Je vais m'occuper de toi aussi jeune homme, ton dos est dans un sale état ! »

Je la regardais préparer de l’alcool et des cotons quand mon regard se posa sur le jeune garçon. En croisant ses yeux, je me trompais peut être, mais je voyais de la crainte. Il avait peur. Je sentais un pincement au cœur en comprenant. C'était moi qui l'avait entraîné dans cette galère, moi qui le forçait à faire quelque chose qu'il n'avait pas envie de faire.. Baka ! Comment tu peux être aussi bête Haru ? Le forcer à dévoiler son dos ! Tu vois bien qu'il ne veut pas le montrer ! Imagine qu'il cache quelque chose la dessous ! C'est toi qui est responsable alors fait quelque chose !

« Attendez.. » pensais-je tout haut

Je me levais d'un coup, surprenant la veille Dame qui allait soulever le t-shirt. « Attendez s'il vous plait ! » dis je en haussant le ton pour me faire obéir à temps.

« Je..euh.. Je vais le soigner moi même. Ne prenez pas la peine de le faire, j'habite à deux pas et ma mère est médecin, elle va s'occuper de lui. » Fis je en souriant.

Je mentais. Je mentais et je détestais ça mais je sentais bien la panique dans le regard du jeune homme.. Je ne voulais pas que, par ma faute, il soit obligé à montrer son dos qu'il tente si bien de cacher. Je ne le forcerais pas à aller chez moi, non, je le laisserais tranquille maintenant.. J'éviterais surtout les questions d'ailleurs..

« Vous êtes sûr ? Ça ne me prendra pas longtemps d'extraire tout ça. » rétorquait la veille femme en insistant.

« Ne vous en faites pas, je vais bien m'occuper de lui, vous avez déjà fait beaucoup pour moi. » Terminais-je en posant un regard tendre sur le garçon, les yeux mi clos, comme pour lui faire comprendre que tout ira bien et que personne ne le touchera vraiment. Je lui parlait comme à un ami proche que je voulais aider.

Je remerciais encore la Dame avant de me diriger à côté de mon sauveur. « On rentre ? »

Je lui posais la question calmement, un petit mensonge de nouveau, pour nous faire partir le plus vite de cet endroit qui devait le mettre mal à l'aise. Je remettais à la dame la somme d'argent que j'avais gagner ce soir en travaillant et qui se trouvait au fond de ma poche. Ce n'était pas grand chose car je n'avais pas beaucoup d'argent mais c'était pour la remercier de son aide à une heure aussi tardive. Elle resta hésitante avant de prendre la somme et de nous reconduire vers la sortie.

Je le surprenais à rougir comme un enfant. Je le gênais peut être ? Dans tout le cas, j'étais heureuse d'être intervenue à temps. Le jeune garçon hocha la tête pendant que je souriais à la veille comme pour lui dire « vous voyez ? Il est d'accord, tout va bien. ». La bonne femme, rassurée, nous reconduisait à la porte. Nous quittâmes la maison de la veille calment avant de lui souhaiter une bonne soirée. C'était une bonne personne. Ouvrir comme ça à des inconnus , c'était vraiment très généreux de sa part. Quand la porte se refermait, je soupirais. Ça faisait du bien d'être à nouveau dejors et en pleine forme qui plus est ! Je m’apprêtais à parler au blondinet quand il prenait la parole, avec une expression malheureuse sur le visage. Ça me fendait le cœur de le voir comme ça.. J'avais fait quelque chose de mal ?

- Désolé, j'ai été un boulet complètement inutile. Je voulais t'aider mais au final je n'ai fait que te gêner... Désolé, désolé, vraiment désolé...

Il regardait le sol, honteux, et se dévorant la lèvre avec une haine farouche, comme s'il se punissait lui même d'un mal bien réel. Mais de quel mal ? Tout allait bien pourtant …

"Tu n'as pas à t'excuser ! Ne t'inquiète pas, ça va aller." Fis je en lui redressant la tête en déposant ma main, avec douceur, sur son menton.

Je ne voulais pas qu'il se sente coupable de quoi que ce soit. Il n'avait pas le droit de s'en vouloir alors qu'il n'a fait que m'aider ce soir. C'est plutôt moi qui devrait m'en vouloir... Je lui souriais avec un enthousiasme sincère. Je ne mentais pas quand je lui parlait à présent, tout allait vraiment bien.
Je regardais autour de moi. La rue s'assombrissait de plus en plus et le temps devenait frais. Je grelottais discrètement. Il fallait penser à rentrer maintenant. Je regardais de nouveau les yeux clair du garçon avec un regard interrogateur. Je n'allais plus l'embêter avec son dos même si ça me dérangeait de le laisser ainsi. Je ne pouvais pas le forcer à quelque chose.

"Je peux te raccompagner chez toi ?" Dis je subitement en souriant.

C'était sortie d'un coup, aussi spontanément qu'un baiser volé. C'était une façon de le remercier et de faire un bout de chemin avec lui. Je voulais m'assurer qu'il rentre bien ... Et puis.. peut être que je le reverrais après ? La ville n'était pas si grande... Peut être était-il au lycée ? Je me demande quel âge il pouvait bien avoir. Et puis comment pouvait-il s’appeler ? Un bon vieux prénom français ?
*Mais tais toi donc avec ta curiosité mal placée ! Tu le materne là ! Arrête un peu ton délire ! *
Mais non, petite conscience.. ça me fait juste plaisir de l'accompagner, voilà tout.
*Si tu le dis..*

Je n'aimais pas ce « si tu veux ». Il était vide et trop facile. On ne peut pas dire cela continuellement sauf si on 'est exaspéré. C'est ce que tu penses de moi blondinet ? A quelqu'un qu'on veut balayer le plus vite possible, d'un revers de main en détournant les yeux ? Comment pouvait-il rougir puis paraître si froid et insensible ? Quel garçon étrange...
Je le regardais partir en le suivant avant de réaliser que je rêvassais. Ah oui, c'est vrai, le raccompagner. Je trottinais dans sa direction pour me mettre à sa hauteur. Puis je marchais à son allure, comme une chose vulgaire qui suit quelqu'un comme un chien en espérant faire plaisir alors qu'il n'en était rien. Un malaise s'installait. Même si je gardais mon sourire, je ne me sentais plus si enthousiaste que ça. Je pensais à sa façon de s'être excuser avant de commencer à marcher sans même m'attendre. Que voulait-il de la part des gens ? Qu'ils insistent jusqu'à ce qu'il cède pour enfin avoir une discussion convenable ?  Ou alors qu'ils lâchent prise dès le début pour enfin avoir la satisfaction d'avoir encore échappé à quelqu'un ?

S'infliger une pareil retenue.. pour cacher quoi au final ? Un passé douloureux difficile à digérer ou un présent inavouable qui ne peut que se vivre seul ? Bon.. encore une fois, je me pose trop de questions... C'est bien mon style de penser autant alors que je pourrais essayer de parler. Mais mon envie de communiquer était coupé, vide, tranché en deux comme une vulgaire brindille. Pourtant ça m'arrivait rarement d'être aussi renfermée et discrète. Aller Haru ! Pose une question ! N'importe laquelle ! Comble ce silence atroce qui te donne envie de partir en courant, fait un effort...

« Et.. euh.. tu fait tes études au lycée du coin ? » fis je un peu plus gaîment que mes pensées.

Aaaah !! Mais c'est nul ! Demande lui son numéros pendant que tu y es ! Ou son prénom ! Mais d'ailleurs, pourquoi tu ne lui a pas demandé, son prénom ?! Tu lui parles sans connaître son nom ! Et puis j'avais dit cela en ayant la certitude qu'il était lycée .. peut être était-il au collège ? ou en étude supérieur ? Alalala .. je suis vraiment pas douée pour deviner l'âge des gens ..
Mince, c'est vrai. Glup ! Comment je peux être aussi maladroite dans mes paroles ? Je suis vraiment mal à l'aise pour sortir un truc pareil.
Sans m'en rendre compte, je grimaçais. Je laissais paraître un visage rougit par la gêne et le froid. J'avançais à son rythme, profitant de la nuit. J'aimais beaucoup quand les rues étaient sombres comme ça.. Elles laissaient paraître un aspect morbide qui me faisait frissonner, comme dans un bon thriller. Ça peut paraître absolument bizarre ce que je viens de penser mais c'est la vérité. Je préfère la nuit au jour, elle dissimule plus de choses et on peut voir les étoiles. C'est un peu comme un grand mystère, personne ne te voit et tu ne vois personne. C'est parfait pour les cœur brisé et les esprits troublés. Oui, parfait..