C'était plutôt pas mal quand on était dispensé de sport, car, pendant ce temps là, on pouvait faire tout ce qu'on voulait-ou presque.-. Moi, j’appréciais ces instants car je pouvais être tranquille. Je pouvais être libre. Personne dans le coin. Il n'y avait absolument personne. Aucun élève retardataire aux casiers aujourd'hui, pas de surveillants tentant de coincer ceux qui sèchent les cours, pas de "sècheurs" aussi... J'entendais juste les profs faire leurs discours interminables dans leur classe. Pas un élève ne semblait parler. J'entendais la craie qui tapait et glissait rapidement sur le tableau noir et les pages des cahiers qui tournaient. Je sentais aussi cette odeur de craie qui me rappelait un peu la poussière, me donnant presque envie d'éternuer. C'était terriblement agréable...

Je décidais d'aller un peu explorer les étages au dessus. C'était pas tout, mais ça ne faisait pas si longtemps que j'étais ici. J'étais arrivé en cours d'année, et puis, j'avais comme même eu pas mal de cours à rattraper, donc, je n'avais pas beaucoup visité les lieux... J'empruntais un escalier menant vers le toit. Je poussais silencieusement la porte et la refermait toujours en silence. Puis, j'allais jusqu’au bord du toit, m'agrippant aux rambardes avant de me pencher légèrement vers le vide. Le vent me sifflait légèrement dans les oreilles et me fouettait le visage. L'air était froid, j'allais surement avoir les joues rouges après, mais, je m'en fichais. Je me penchait un peu moins pour m'accouder à la rambarde. Je me tournais légèrement et apercevais une fille endormie un peu plus loin, sur un banc. Je ne souhaitais pas la déranger et reprenais mon observation du vide en silence. J'aimais le vide. J'avais déjà sauté dans le vide, sans parachute ni rien. J'avais déjà sentie l'air se comprimer dans mes poumons et me manquer terriblement au point de manquer de m'étouffer, j'avais déjà aperçut la mort me tendre la main à ce moment là et la terre m'appeler irrésistiblement... J'avais déjà connu tout ça...

C'est alors qu'une fille vint à la rambarde à son tour. Elle avait de longs cheveux bruns/châtains et d'étonnants yeux orangés. Orangés ? C'était jolie, mais un peu étrange... Elle se mit à rire au bout d'un moment. Qu'est ce qui la faisait rire comme ça ? Il y avait quelques chose de drôle en bas. Je plissais les yeux mais n'apercevais rien de drôle...

-Les gens sont très petits d'ici. C 'est bizarre...

Je hochais la tête silencieusement. Alors c'était ça qui la faisait rire... ? Moi, je ne voyais rien de drôle là dedans... Elle repartit et se dirigea vers le banc. C'était donc la fille qui dormait sur le banc tout à l'heure. Je l'avais aussi réveillée ? C'est un mauvais présage alors... ? Non ? J'avais aussi réveillé Angylique avec ma voix horrible, et c'était partit en flan à la fin... Ca allais encore faire pareil... Oh non...
Elle semblait un peu moins contente d'un coup en voyant ses affaires. Elle devait surement avoir des devoirs. Je quittais la rambarde pour m'y adosser et regarder la nouvelle. Elle semblait plus âgée de quoi d'apparence... Mais ça n'avait pas d'importance, non ?
Je passais ma main dans mes cheveux pour replacer une mèche rebelle et la regardais faire sans rien dire.

Elle sourit, paraissant un peu gênée.

- Mon nom est Abi Shôtô, tu es un élève d'ici aussi à ce que je vois comment t'appelles-tu ?

Sa voix était extrêmement douce, comme celle de sœur Fuki. C'était dingue comment les gens pouvait avoir des ressemblances... Angylique avait le même visage que Lya, et Abi la même voix que soeur Fuki... En tout cas, j'aimais beaucoup la voix de cette jeune fille...

- Haku, je m'appelle Haku.

Je n'aimais pas donner mon nom de famille. Je n'aimais pas le donner parce qu'il ne voulait rien dire. C'était juste un truc que j'utilisais parfois pour paraître normal, mais, en réalité, ce n'était pas mon vrai nom...
Elle me fixa et sourit. Puis, elle prit à nouveau la parole, faisant à nouveau résonner dans ma tête cette voix si agréable :

- Tu es plus jeune que moi à ce que je vois, qu'elle âge as-tu et dans qu'elle classe es-tu ? ... Je sais, je pose beaucoup de questions, mais tu es le premier à ne pas me fuir. Puis j'aimerais bien faire ta connaissance.

Le premier à ne pas la fuir... Parce qu'il y avait une raison de la fuir ? Contrairement à moi, on n'avait aucune raison de la fuir. Abi était une jeune fille qu'on avait plus envie d'écouter que de fuir... Enfin, c'était mon avis après tout, pas celui des autres.

- J'ai 16 ans, je suis en seconde... Et toi ?

Cette façon si familière de parler avec quelqu'un... C'était très étrange...

Elle soupira. J'avais fait quelque chose de mal ? De déplacé ? Je l’avais froissée ? Je n'en savais rien. Rien. Absolument rien. Mais je me sentais mal. Mal à l'aise. Tendu peut être aussi. Par ce que je savais parfaitement comment ça allait encore une fois terminer.
Finalement, elle sourit à nouveau, ce qui me rassura un peu. Je ne l'avais donc pas froissée...

- je suis en première, désolé pour toi que je rougisse, mais je suis gênée, je ne parle pas souvent aux gens. Je suis assez craintive et timide. Tu as pris des options ? Moi, j'ai pris chant et dessin, mais j'aimerais faire du karaté aussi et plein d'autre chose. Je veux en profiter pour apprendre beaucoup de choses ici. Bon, je suis que débutante donc je ne pourrais pas chanter maintenant. Je peux te dessiner quelque chose sinon, mais je ne sais pas si tu vas aimer.

Elle était donc plus âgée que moi... Elle ne parlait pas non plus souvent aux gens ? Ca me facilitait la tache dans ce cas... Enfin... Pour quelqu'un de timide, elle parlait beaucoup comme même...
Des options ? Bonne question ! Je ne tenais pas à me faire des amis, donc, non, je n'en faisais pas. Je ne voulais pas. Elle elle a pris dessin et chant ? Elle chante aussi ? Je pourrais... Non... Je n'avais pas le droit. Je ne devais pas. En plus, je chantais comme une casserole... Je ne voulais pas l'embêter... Ell veut me dessiner quelque chose ? Sérieusement ?! Ca me mettais mal à l'aise...
Elle termina de ranger ses affaires. ne devait elle pas faire ses révisions, je l'avais dérangée ? J'étais encore plus embarrassé.

- Je suis sûre que tu chantes très bien. Et puis... tes dessins divent être magnifiques ? Est ce que tu en as un sur toi ?

Ca n'allait pas. J'étais vraiment idiot. Ca n'allait pas du tout...
Je disais n'importe quoi, j'allais la froisser. Je me sentais très mal.

- Désolé. Je dois te déranger...

Je passais une main dans mes cheveux pour remettre en place une mèche rebelle. J'aidais vraiment gêné, mais je n'allais pas l'avouer. ca non.