C'était une sensation agréable. C'était humide. C'était ennivrant. C'était doux quoique non.. rugueux en fait. Mais ça restait agréable. Je dormais comme tous les samedis matins. Oui, j'étais dans mon lit et quelqu'un était apparemment sur moi. Après quelques minutes j'ouvris les yeux. Pendant un moment j'avais cru que c'était une conquête. Chose étrange puisque je ne ramenais jamais ces dernières à la maison. Hors de question que mes enfant aient à supporter ça! C'était donc impossible.


Je songeai finalement à ma nouvelle colocataire... Mais Laxy n'était certainement pas le genre de filles à vous lécher la figure dès le matin sans raisons apparentes. Finalement j'ouvris les yeux avec peine et arquai un sourcil. Je soupirai en constatant que ce n'était autre que Badiane, mon chien-loup.


"Fils, tu es vraiment collant. Un jour, il faudra que tu te trouves une nana au lieu de me bécoter moi... D'ailleurs, ne serais-tu pas gay?"


Je plissai les yeux en le fixant puis pouffai de rire en me retenant tout de même pour ne pas réveiller le petit monstre qui dormait sûrement encore. Je caressai mon chien en faisant un grand sourire et lui fis un câlin. Oui, j'étais vraiment affectueux avec mes 'enfants'. Je les aimais plus que quiconque. Enfin, pas tout à fait puisque cette personne me hantait toujours. J'avais certainement toujours des sentiments pour elle mais bon, je n'allais pas m'arrêter de vivre pour si peu.


Je me levai en chantonnant, une fois debout, je m'étirai avec un léger sourire en fixant mon reflet dans le miroir qui trônait à proximité de mon lit. Bref c'est donc dans un simple pyjama-short que je sortis de ma chambre. Je riais, j'allais sûrement émoustiller mes voisines qui connaissaient par cœur l'heure à laquelle je sortais les poubelles dans cette tenue-là.


Je sentis quelque chose me frôler la jambe, ce n'était pas Badiane, c'était beaucoup plus petit que lui. Je baissai finalement la tête et vis ma fille adorée, je la pris dans mes bras avec un large sourire et fis mine de lui mordiller l'oreille. Oui, je m'amusais souvent à me bagarrer avec mes deux gamins, ils aimaient bien ça et moi aussi donc bon...


J'allai finalement me doucher sous les regards de mes compagnons qui ne me lâchaient décidément jamais. J'adorais l'eau et j'aurais bien passé des heures à faire trempette mais là, l'appel du ventre se faisait entendre. Je m'essuyai et m'habillai rapidement toujours sous les regards de mes gamins


"Sérieux... C'est presque de l'inceste là, les enfants..!"


Ouais dans le genre stupide, j'étais vraiment pas mal mis bon, c'était marrant en même temps. Je descendis dans la cuisine et pris mon petit déjeuner. Tant pis pour mes voisins, j'étais beaucoup trop pressé aujourd'hui. Je sortis et jetai un coup d’œil vers ma moto. J'hésitai puis finalement ne la pris pas, je n'étais pas loin du centre ville après tout.


Après quelques minutes de marche, je me retrouvais enfin à ma précieuse librairie. J'entrai avec un grand sourire en saluant les vendeurs que je connaissais bien à force de venir et me précipitai vers le rayon manga. Et non, je n'allais pas acheter des hentaï! J'en n'avais pas besoin, héhé! Bref, après avoir longuement réfléchi et être resté droit comme un piquet devant le rayon, je ne pu résister et pris autant de livres que je pouvais. Enfin, non, sinon j'aurais transporté la librairie entière chez moi... Finalement, je me contentais pour l'instant de 10 tomes d'un manga que j'adorais.


Je reculais avec un air satisfait quand puis je percutai une personne.


-Hey dites donc, vous pouvez pas faire att....


Je me retournai vivement avec un air confus et constatai qu'il s'agissait d'un de mes élèves, Dan Devilside, autrement dit, mon chocolat à l'orange!


– Je...désolé, je ne voulais pas...


Wouah.. J'avais jamais vu quelqu'un changer de couleur aussi rapidement! La bouche bée, surpris par cette technique de caméléon qui m'était inconnue. Finalement je lui souris simplement et m'apprêtai à prendre la parole avant qu'il n'ajoute:


-Enfin...pardon prof adoré, je ne pensais pas vous croiser ici et j'ai faillit vous râler dessus...vraiment navré.


"-Aha! Mais tu n'as pas à t'excuser mon chocolat! On ne se contrôle pas toujours et ta réaction est tout à fait compréhensible. D'ailleurs, je m'excuse de t'avoir bousculé, c'est juste que je suis... dans un autre monde quand je suis dans ce rayon-là."


Je lui décrochai un clin d’œil avec un grand sourire.

J'haussai un sourcil tandis que mon élève me montrait la couverture d'un magazine. J'étais surpris, non pas par la photo qui triomphait sur ce livre mais par sa conception. Des titres en gros de partout, des photos choquantes. Des messages subliminaux pour tortuter les esprits des jeunes générations et les rendre esclaves de notre société. Oui car les mots mis en  évidence touchaient bien entendu au sexe, à l'alcool, à la drogue et à tout ce qui ridiculisait l'Humanité. L'homme était pourtant considérait comme une espèce supérieure aux autres et pourtant, sa soif de pouvoir le rendait stupide. Finalement, je me concentrais sur les paroles de Dan, j'aurais tout le temps pour débattre sur ce sujet plus tard.


    Ne fais pas attention à ces bêtises, ce sont pour les simples d'esprits. Et puis, on ne peut pas     en vouloir aux personnes qui ont fait cet article, elle souhaitent simplement gagner leur vie.     Aujourd'hui, tout tourne autour de l'argent, nous sommes tous des machines, des banques     ambulantes ultra matérialistes. Au fait, qui est ce Virgil?


Je lui souris comme j'avais l'habitude de le faire. C'était mon élève et comme tout bon professeur, j'essayais de comprendre sa situation et de l'aider malgrès nos différents. Bon, je ne pouvais cacher que j'étais assez rancunier lorsque ça touchait de près ou de loin à ma soeur mais en tant qu'être humain, non en tant qu'espèce soi-disant supérieure, je devais avant tout penser aux autres plutôt qu'à moi-même.


En voyant une larme couler sur sa joue, je soupirai légèrement et me dirigeai vers les gérants pour acheter mes livres et pouvoir entièrement me consacrer à Dan. Les livres achetés, je lui pris le bras et l'entrainai à l'extérieur puis demandai d'un air interrogateur:

    Dis-moi simplement... tout en fait.

J'affichais un air réconfortant en posant une main sur l'une de ses épaules. Je me sentais mal pour lui, subir les coups d'un proche, ce n'était pas facile. J'avais déjà vécu cette expérience autrefois, heureusement pour moi, je n'en avais pas gardé de séquelles. Je n'avais pas vraiment eus le temps de toutes façons. J'avais dû faire face à d'autres problèmes alors j'avais dû laisser mes états d'âme de côté. Finalement, j'étais tombé sur une personne rayonnante qui m'avait montré le chemin à suivre, je voulais être cette personne là pour Dan. Je voulais l'aider, le voir sourire, qu'il soit heureux et fier de sa personne.

N'étais-je pas trop bon, hein? Au fond, je l'avais toujours su, ma petite personne était tout simplement supérieure aux autres et pourtant, se mettait à égale avec eux. Mais qu'avait fait cette fichue Terre pour me mériter? Non pour NOUS mériter, mes merveilleuses qualités et moi... La modestie figurant en tout en haut de la longue liste qui énumérait tout ce qui faisait ma magnificence..!

Il me semblait que je comprenais tout à fait ce qu'il ressentait et pourtant, je ne savais pas trop quoi lui dire. Alors, je me contentai de lui balancer mes bonnes paroles habituelles, comme quoi, les journalistes ne faisaient que leur travail. C'était con mais c'était comme ça. Notre société était bel et bien basée sur l'argent. Le seul moyen d'en gagner? Faire souffrir les autres. Journalistes, employés des abattoirs, grands couturiers (utilisant la fourrure animale), entreprises exploitant des gamins, pays utilisant ses femmes... Bref, je ne vais pas tous les énumérer sinon, nous risquons d'y passer un très long moment.


Finalement, je me dirigeai vers la caisser pour payer mes livres et laissai le temps à Dan de faire de même pour le magazine relatant de guitares et basses qu'il avait pris. Je l'attrapais alors par le bras et le fis venir à l'extérieur. Après quoi, je lui demandai de tout me raconter. Je savais bien à quel point le passé pouvait être un lourd fardeau, que se reposer sur l'épaule de quelqu'un d'autre faisait parfois du bien et que de laisser tout sortir était une véritable délivrance. Enfin, c'était ce que l'on m'avait dit, je n'en avais jamais vraiment fait l'expérience, à part le jour où nous nous étions rendus au cimetière et où je leur avais fait part à tous de mes sentiments préoccupants pour ma soeur. Depuis je m'étais bien promis de la fermer en ce qui me concernait. Les monstres ne méritaient pas d'avoir la paroles.

• Très bien,si tu veux tout savoir alors je vais tout te raconter dans les moindres détails et pour commencer saches que ce Virgil dont j'ai mentionné le nom n'est nul autre que mon frère jumeau...et il doit sans doute prendre cher à cause de moi en ce moment. Notre calvaire a commencé il y a 5 ans, à la mort de ma mère et mon frère et moi avions 13 ans. On rentrait de vacances et sur le chemin du retour nous avons été victime d'un grave accident de la route qui a coûté la vie à ma mère. Bien qu'il n'en soit pas responsable, mon père s'est alors rendu coupable de n'avoir pu et su protéger ma mère à ce moment-là. Il aimait ma mère comme un fou et ne s'est jamais remis de sa disparition, alors environ un an plus tard après la mort de ma mère, mon père a sombré dans l'alcool. Chaque fois il boit jusqu'à son seuil maximal et nous bat ensuite Virgil et moi...une manière de nous faire payer d'être en vie en quelque sorte. Il y a environ quelques mois de ça, j'ai déménagé ici afin d'échapper à mon père...mais il a fini par me retrouver comme tu le sais déjà...
  

Je le fixais avec attention, ne laissant pas une seule syllabe échapper à mon attention défaillante. Car oui, même dans les pires situations, je restais celui que j'étais, celui qui n'avait pas grandi, l'éternel adolescent en pleine puberté qui ne pensait qu'à ses jeux vidéos et qui en voulait à la terre entière, se cachant sous des airs de sauveur. Bref, j'étais comme tout le monde en fait. Un être à la cervelle bancale qui voulait être différent.

Je posais alors une main sur sa tête, lui ébouriffant gentiment les cheveux, un léger sourire accroché au bout des lèvres.


Ca va aller, je te promets que ça ira. Ma réputation de Pedobear n'est pas vaine. Je sauve les jeunes gens ayant un physique attirant et ensuite je leur fais des choooses!

Lui dis-je en lui lançant un clin d'oeil, le tout accompagné d'un rire irrépressible, amusé par mes propres propos. Bon, je voulais aussi détendre l'atmosphère, comme d'habitude en fait. Après ce petit instant plus ou moins apaisant, je soupirai doucement pour reprendre mon souffle et ajoutai avec un air plus sérieux:


Ton frère est-il encore avec lui? Tu sais Dan, si tu veux que j'intervienne pour quoi que ce soit, tu peux me le dire. Tu peux te confier à moi si l'envie te prend, comme tu viens de le faire, enfin là, c'est moi qui ai insisté... Tu peux te laisser aller. Tu peux te débarrasser de ta tristesse. Tu peux être heureux. Car, avant d'être un prof Pedobear, je suis ton ami. Et c'est avec plaisir et honneur, que je partagerai ton fardeau. Et si tu veux que j'ai une conversation avec ton père, pas de problème. Ensuite, si tu veux des conseils, je suis là.


Je l'observais avec un air assez décontracté afin qu'il se sente bien et tournai la tête légèrement sur le côté pour balayer la rue du regard. Finalement je me concentrais à nouveau sur mon ami pour lui demander:


Ca te dirait qu'on aille parler autour d'un café au lieu de stagner dans la rue?


Je haussais un sourcil avec un grand sourire, posant une main sur ma nuque tandis que je tenais mon sac de mangas de l'autre.

Je bougeais doucement la tête en riant à sa question. En fait, j'étais heureux, heureux de voir que j'avais réussi à le faire rire avec mes remarques qui étaient, comme d'habitude, stupides. Ouais comme d'habitude, je me débrouillais pour sortir une bêtise histoire de faire rire la galerie et de détendre l'atmosphère. Je faisais tout pour ne laisser rien paraître. Parce-que c'était comme ça. Depuis mon adolescence, j'avais établi certaines règles et malheureusement, j'en avais déjà enfreint plusieurs. Mais mal grès ces quelques infractions, je continuais de me conduire conformément à ces règles-ci.

"Oh des choses qu'il vaut mieux pour toi que tu ne saches pas!"

Je lui tirais la langue avant de pouffer de rire. Je lui expliquais ensuite que j'étais là pour lui et que s'il le désirait, je pourrais intervenir. J'avais déjà fait en sorte que son père aille dans une clinique pour se soigner peut-être que je pouvais encore faire quelque chose mais pour son frère cette fois. Dan ne me répondit pas, je vis bien dans son regard qu'il avait une certaine crainte. Peut-être qu'il craignait que je ne sois trop impliqué et que je finisse par me retrouver dans une situation délicate. Bah, ce genre de trucs ça me connaissait de toute façon.

Je proposais ensuite à Dan d'aller nous poser dans un endroit sympa. J'avais en effet une petite idée, il y avait un petit café pas loin et qui était très sympa. L'ambiance était douce, familiale et le personnel bien qu'âgé était tout à fait agréable. C'était un endroit particulier pour une personne dans mon genre. On ne s'imaginerait sans doute pas qu'un garçon avec un style comme le mien irait dans ce genre d'endroit et pourtant... C'était bel et bien le cas. Je savais simplement apprécier plusieurs styles d'ambiance.

Je fis signe à Dan de me suivre en souriant avant d'entamer la marche, mon sac de mangas à la main. J'étais plutôt fier de moi à l'instant. J'avais redonné le sourire à mon ami et en prime j'avais pleins de nouveaux livres que j'allais prendre plaisir à lire avec la plus grande attention qui soit. Parvenu au petit café, j'entrai en saluant le personnel qui me connaissait plutôt bien étant donné que j'étais un habitué. Je devais en effet reconnaître que je me plaisais à venir ici après avoir acheté de quoi lire. C'était le lieu rêvé pour lire tranquillement et redécouvrir le monde. Souvent, des personnes âgées m'abordaient à cause de mon styles, elles n'étaient pas effrayées, simplement curieuses. Et l'étant aussi, je discutais avec elles. Les hommes me parlaient de la guerre, des traditions perdues, les femmes de tout ce que les nouvelles générations avaient perdu. Contrairement à ce que nous pensions, c'était bien eux les plus heureux, nous, nous avions réellement tout perdu.

Je m'installais donc à une table située à proximité d'un couple que je connaissais particulièrement bien, je les saluais avec enthousiasme tout en faisant signe à Dan de s'installer.

"Alors mon chocolat, qu'est-ce que tu veux comme boisson?"