A six heures du matin, j'étais levé. Je n'aimais pas spécialement trainasser dans mon lit surtout quand je savais que ce n'était pas une journée ordinaire. Eh oui, aujourd'hui sa magnificence partait faire du camping avec son chocolat et ce, pendant deux semaines entières! D'où mon excitation mélangée d'anxiété à l'idée de partir.


Il y avait les couples adorables qui se bisounaient tout le matin en se murmurant des mots doux, puis y'avait moi. Le gars qui réveillait sa petite-amie en paniquant. Oui je n'étais pas vraiment habitué à sortir du coup, c'était comme la fin du monde. Je m'agitais dans tous les sens en demandant à Laxy ce dont j'aurai besoin. En fait, j'étais vraiment pire qu'un gamin... Après avoir fini de préparer mes affaires avec son aide, je partis exécuter mon rituel du matin spécialement dédié à mes vielles voisines. Elles étaient sûrement mes plus dévouées fans. Toujours à guetter désespérément par la fenêtre que je sorte les poubelles en caleçon héhé. Bon, je devais reconnaître qu'il faisait de plus en plus froid et que maintenant je mettais quand même un bas de pyjama...


Mon show fait, je partis me doucher rapidement pour ensuite aller déjeuner. Pris ensuite place la séance coiffure. Ce matin, j'avais d'ailleurs été assez rapide pour mettre mes cheveux en ordre, je m'épatais décidément un peu plus chaque jour. L'heure de mon départ se rapprochant un peu plus, je m'installais sur le canapé en souriant doucement, prenant Sitka dans mes bras et caressant délicatement le poil doux de Badiane dont la tête était sur l'un de mes genoux. Tandis que l'un me bavait dessus, l'autre me ronronnait comme pas possible. Ils étaient vraiment comme mes gamins finalement, ils m'aimaient, je les aimais, ils avaient besoin de moi et, j'avais besoin d'eux. Je les serrais un peu plus contre moi en les embrassant et me levai doucement pour monter dans ma chambre, Laxy avait certainement du se recoucher. Je la plaignais vraiment, j'étais un gamin turbulent qui devais vraiment l'exténuer.


Je m'avançais vers elle et l'embrassais sur le front avec un léger sourire avant de sortir de la chambre pour aller prendre mes affaires et sortir de la maison. Une fois devant le portail, je vis Dan. Il me semblait qu'il était en train de somnoler, il valait peut-être mieux que je prenne le volant s'il était fatigué. Je frappais alors à sa vitre en faisant un grand sourire et m'écriais:


"Déjà fatigué mon chocolat? Tu as mal dormi? Je prendrai le volant si tu veux!"


J'arquais un sourcil en le fixant. Le voir me faisait repenser aux évènements de la veille. J'avais parlé à son père et l'avais emmené dans une clinique, je lui avais également promis de lui envoyer de l'argent régulièrement s'il accepté de foutre la paix à ses fils. Mais ça, seul Zack le savait, et c'était certainement mieux comme ça. Si quelqu'un d'autre l’apprenait je crois que l'on me reprocherait une nouvelle fois de ne jamais rien dire. Que c'était dur d'être parfait! Et puis, celui qui l'aurait certainement le plus mal vécu aurait été Dan. Savoir qu'un ami a besoin de payer votre paternel pour qu'il vous foute la paix, ça aurait été beaucoup trop éprouvant pour lui, surtout avec les récents évènements.

Je regardais Dan qui venait de m’ouvrir la vitre pour me saluer à son tour. Je constatais alors sans aucun mal que le principal sujet de son cauchemar n’était autre que son père. Je le fixais en souriant doucement. Je me sentais assez mal à vrai dire, je voulais tellement l’aider et en même temps, j’avais vraiment l’impression d’être inutile. Je faisais ce que je pouvais pour que mon ami se sente mieux et bien sûr, je n’avais pas l’intention d’abandonner.

"M'en parle pas! Cette nuit j'en ai fait un aussi, je me faisais courser par un bisounours qui prétendait se nommer Pedobear..."

Au fond, c'était pas vraiment un cauchemar. Juste un rêve très bizarre. En même temps, tout ce que je fais, dis ou imagine est bizarre. Suite à ce bout de conversation et après avoir rangé mes affaires dans le coffre, je pris donc place derrière le volant. Je le tapotais doucement en souriant tout en hochant la tête à la remarque de Dan.

"T'en fais pas, je suis soigneux en ce qui concerne les voitures même si ce sont des gros tas de ferrailles qui font fondre la banquise et obligent les ours polaires à devenir cannibales!"

J'étais assez doué pour ce genre de remarques plombeuses d'ambiance mais c'était juste parce-que je m'en voulais. Je voulais seulement me répéter à quel point j'étais monstrueux derrière mon masque de bon samaritain. Dan m'expliqua ensuite de quelle façon il voulait procéder en ce qui concernait la nourriture. J'écoutais avec attention jusqu'aux mots "chasse au gibier" et "pêche", à partir de ce moment-là, je m'étais complètement braqué ou du moins mentalement. Se trouver à manger n'était pas un problème pour moi, plus jeune, j'avais appris à chasser avec un arc et à en faire un moi-même d'ailleurs, pour la pêche, c'était pareil, je savais très bien faire un harpon. Le problème était plutôt que je me refusais à faire ce genre de choses désormais. J'étais devenu végétarien et j'évitais tous produits provenant de souffrance animale. Par exemple, un membre de mon groupe produisait ses propres produits et les animaux étaient dans d'excellentes conditions. Pas d'élevage intensif. Il était lui aussi végétarien, s'il avait ces animaux-là, c'était justement pour ne pas avoir à contribuer à l'infernal manège de la consommation engendrant la souffrance.

"Tu sais mon chocolat, la consommation animale c'est pas mon truc. Je suis sûr qu'on pourra trouver des baies sauvages de toute façon."

En fait, je n'étais pas certain de mes dernières paroles mais bon, l'espoir fait vivre, non? Je démarrais donc le moteur de la voiture en souriant doucement et commençait le trajet.