Je souris, chose qui m'arrivait souvent en ce moment. Je venais de raccompagner Mavi de notre petit rendez-vous. On est allés voir le dernier film qu'elle voulait absolument voir. Elle n'a même pas eu besoin de me supplier pour que j'accepte. Tout le temps passé avec elle était un trésor à mes yeux. Chaque minute, chaque seconde, je les profitais à fond quand je la voyais. Alors, j'avais passé la séance à la regarder. Je ne pourrais même pas dire le titre du film et au pire je m'en fichais bien. Mais je pouvais dire que Mavi avait bien rigolé. Elle était tellement belle quand elle riait... C'est donc avec mes souvenirs que je sortis de son immeuble. Il était temps de rentrer pour moi même si j'aurai voulu rester un peu plus, voire même dormir chez elle. Mais c'était impossible, demain mon père me voulait absolument à la maison pour je ne savais quelle raison. C'est donc la mine un peu plus triste que je marchais dans la rue.

Il faisait déjà sombre et les rues étaient désertes. Je n'avais croisé qu'un chat et n'avait entendu que les bruits du centre-ville au loin. Je n'avais pas envie de rentrer et je diminuais mon allure. J'avais même envie de m'arrêter pour regarder les étoiles. Ce que je fis d'ailleurs. Je m'assis sur une barrière et leva les yeux au ciel. Je fus presque déçu de voir qu'il y avait des nuages. J'allais repartir quand j'entendis des bruits étouffés. Je ne les aurais même pas entendu si la rue n'était pas vide. Curieux de nature, je m'avançai doucement dans la petite ruelle d'où les bruits provenaient. Je m'attendais à tout, dealers, violeurs, ou trafiquants en tout genre. Ce n'était pas rare de voir ça dans les ruelles même en Italie et d'habitude je passais mon chemin sans même regarder. Je ne devais m'attacher à personne, c'était ma règle de vie depuis que j'étais en France. Enfin j'avais réussi jusqu'à ce que mon ange débarque dans ma vie. Enfin bon à part Mavi je ne voulais aucun lien, aucune attache qui me fasse encore plus souffrir. Alors, pourquoi je continuais d'avancer ? Pourquoi j'avais une irrésistible envie de crier et de frapper cette bande crétin qui martyrisait cette jeune femme.

J'avais une réponse, mais je ne voulais pas l'entendre. Ses longs cheveux noirs jais et ce corps si fragile. Une image m'était venue en tête celle que je ne voulais absolument pas voir. Je serrais les dents, tellement que je sentis le sang se propageait dans ma bouche. Mais je ne pouvais pas intervenir, non c'était impossible. Je n'avais envie d'avoir aucune reconnaissance ... Foutaises!!!! Avant même que je puisse réfléchir j'étais déjà au milieu de la ruelle en train de tapoter l'épaule d'un mec. Le visage calme, une sourire aux lèvres, je bouillais de l'intérieur. Mais il ne fallait pas que je le montre. Une tête se tourna puis deux puis quatre paires d'yeux me regarder. Je n'avais qu'une envie, les réduire en miette. Mais je n'allais pas foncer tête baissée. Je ne pouvais que perdre, il était quatre. Alors, j'avais préféré la menace. Une simple phrase pouvait faire la différence. Enfin je l'espérais vraiment.

Franck … Si je me souviens bien …. Tu habites à côté de la gare non? La maison rouge! Oui celle qu’on ne peut pas louper c’est ça?

L’homme me regarda sans comprendre et un sourire s’élargit sur mon visage. Je regardai ses copains en les pointant un par un avec la même nonchalance.

Toi tu as une petite soeur, elle est à l’école maternelle à côté de chez moi. Toi je connais bien ta mère, très charmante d’ailleurs. Elle est si fière de son fils … Et toi…. A non j’ai rien sur toi mais bon ça peut vite s’arranger !

J'avais dit cette phrase en rigolant. Un rire totalement jaune à vrai dire parce que je n'avais pas envie de sourire, ni rire, ni même voir leur tête une seconde de plus. Mais je devais rester calme, il le fallait pour elle, pour moi. Leur réaction ne se fit pas attendre. Un peu d'incompréhension, un brin de peur et le déclic ! Oui je savais où ils habitaient. C'est bien c'est monté jusqu'à leur cerveau. Je poussai le mec qui devait être leur chef pour me placer entre eux et la jeune fille. Je ne pus m'empêcher de voir qu'elle lui ressemblait beaucoup trop à mon goût. Mais mon regard ne s'attarda pas sur celle-ci, car ce Franck commençait à s'agacer. Je le regardai avec désinvolture et un sourire se fit en entendant le bruit de la sirène d'une patrouille de police. Je ne les avais pas appelés, mais ce son tombait à pic.

Ah je crois que c’est pour vous!

Cela suffit pour que les trois larbins s’enfuient  en courant la queue entre les jambes. Tant qu’à leur chef, il me fixait. Son regard me disait qu’on allait se revoir et qu’il en avait pas fini avec nous. Mais il ne s'arrêta pas sur ça. Avant de partir il asséna un dernier coup de pied à la jeune fille que je ne pus contrer et disparu comme il venait d’arriver.

Je poussai un soupir. De soulagement, mais pas que. Je venais de m'immiscer dans une histoire trop compliquée pour moi. Je sentais déjà que j'allais le regretter. Mais pour l'heure, je devais finir ce que j'avais commencé. Je m'accroupis et sans un mot je la pris par les épaules avec douceur pour la redresser un peu. Mon objectif était de la porter pour l'emmener dans un endroit plus sur et la soigner.

Tu penses que tu peux marcher ? Sinon je te porte, tu dois être super lourde.

Oui... Je... Je peux marcher...

La voir me fendit le coeur. Une boule se forma dans ma gorge et j’avais envie de pleurer. Alors que je venais de faire face à quatre lascars, j’arrivais pas regarder la jeune fille dans les yeux. Une chose aussi fragile que le corps de cette jeune femme venait d’être brisé comme une brindille. Je l’aida à se relever, mais ce n’était difficile de voir qu’elle ne pouvait pas à tenir debout. Je ne réfléchis pas plus et la prit dans mes bras, en mode beau prince qui sauve sa princesse. Elle n’était pas lourde, mais j’avais peur de lui faire encore plus mal. Dans la pénombre de la ruelle, je ne voyais pas trop ses blessures, mais je pouvais imaginer qu’elle étais vraiment mal en point. Elle lui ressemblait tellement, ce qui n’arrangeait rien à ma boule dans la gorge. Ça aurait pu être Mavi a sa place … Je crois que c’était pour ça que j’avais aussi vite réagi. Enfin je crois..

Je t’emmènes à l'hôpital

Je commençais à marcher. Le calme était revenu et nous étions seuls dans cette ruelle. Je n’avais envie qu’une chose, m’enfuir en courant d’ici. J’étais sur que j’allais très mal dormir cette nuit. Je soupirai et regardai la jeune femme qui me disait quelque chose. Je devais l’avoir déjà croisé. Oui parce que j’avais l’impression de l’avoir déjà prise pour Mavi. Je ne pus m'empêcher de la détailler. Une peau blanche, des cheveux aussi noirs que la nuit. Enfin non pas tout à fait, il y avait quelques mèches de couleur violettes. Et des yeux de la même couleurs. C’était la seul différence, le regard. Celui de Mavi était pétillant de vie et me faisait fondre en une seconde. Celui de la demoiselle, me faisait plus froid dans le dos. Me ravivait des souvenirs que je n’avais enterré. Je décidai de regarder devant moi, ne voulant pas me mettre à pleurer devant une parfaite inconnue. Je sortis de cette ruelle maudite et commençait à me diriger vers le centre hospitalier.

En fait moi c’est Enzo, je crois t’avoir déjà vu mais je ne pourrais pas dire où! On s’est déjà vu hein? J’ai une mémoire de poisson rouge quand il s’agit de visage mais toi je suis sure de t’avoir remarqué!

Je parlais pour combler le silence qui me faisait peur. Je n’avais pas envie d'entendre mes pas ou même sa respiration saccadée. Mais ma voix commençait à trembler, Plus je parlais et moins j’arrivais à garder mon calme. Je commençais à marcher un peu plus vite sans vraiment m’en rendre compte. Mon objectif était de la sauver…