PV. Ciel x ?

Première journée au Lycée...

Quand le comte devient Conseiller Principal d'Education

Lycée Sweet Love dans le bureau du Conseiller Principal d'éducation...

*BAM!*

Oui, je sais c'est un peu violent comme entrée que de claquer la porte de mon bureau du pied mais chargé comme je suis, je ne peux vraiment pas faire autrement...

Il est vrai qu'avec le titre que je porte (et dont je n'aime pas trop en parler au sein du lycée), j'ai longtemps été habitué à ce que l'on fasse tout pour moi...ou tout du moins Sebastian. Mais depuis les événements qui ont causé le départ de mon ancien majordome du Manoir familial, j'ai décidé de tout faire moi-même au risque de déplaire à mes parents qui n'arrêtent pas de me dire ....ou plutôt non, de me rappeler que je suis un comte et que je n'aie pas à faire le boulot du personnel domestique de la maison. Seulement voilà, mon majordome attitré était Sebastian et lui seul répondait correctement à mes attentes. J'ai bien essayé de m'habituer à d'autres que lui...vraiment...mais aucun de ceux qui lui ont succédé ne lui arrivaient à la cheville et n'atteignaient son niveau de perfection dans le service.

Je sais, depuis son départ, je suis devenu très exigeant et comme aucuns majordomes n'y répondaient j'ai finalement décidé de tout faire par moi-même et voilà pourquoi la seule aide que j'ai accepté en arrivant avec mes affaires et cartons dans ce lycée a été celle d'un élève qui m'a tenu les cartons pendant que déverrouillais la porte de mon bureau avant de les lui reprendre et de le congédier en le remerciant chaudement pour son aide.

Je pose mes affaires sur mon bureau et inspecte la pièce en fronçant des sourcils avant de me diriger vers l'une des fenêtres...

*Ça sent le renfermé ici!! A croire que ce bureau n'a jamais été occupé.* me dis-je en ouvrant la fenêtre en grand afin de laisser entrer un peu d'air.

Une fois que ce fut fait, je me dirigeais vers mon bureau et commençais à déballer mes cartons pour en sortir le nécessaire que j'avais apporté: set de bureau, pot à crayons, presse-papier, bloc notes, stylos en tout genre...et un cadre avec une photo prise un mois avant le départ de Sebastian et sur laquelle nous posions tous les deux.

Je la regardais quelques instants avant de pousser un gros soupir en la posant doucement sur mon bureau. Je posais ensuite le carton vide au sol et avant que je n'ouvre celui qui contient le peu de livres que j'ai emporté, mon portable se met à vibrer dans la poche de mon pantalon. Je le sors et consulte le texto...

Sms :"Tu as vraiment besoin de faire tout ça?! De travailler dans ce lycée alors que nous avons une fortune??!! Je ne te comprends pas Ciel..."

*C'est vrai Père, vous ne comprendrez jamais ma décision et c'est bien ce qui me désole le plus! C'est pourtant si évident à mes yeux mais pas aux tiens semble-t-il...* pensais-je en soupirant après avoir lu le texto.

Je range mon portable sans même prendre la peine de répondre au message de mon père car je sais que nous allons rentrer dans un débat sans fin et qui risque de m'énerver si jamais je le fais. Au lieu de ça, je préfère me concentrer sur l'organisation de mon espace de travail en rangeant le peu de livres que j'ai dans la bibliothèque. Et alors que je m'apprête à ranger le dernier livre...

"Toc!Toc!"

Je regarde un instant la porte d'un air dubitatif avant de regarder ma montre...si tôt et déjà une première visite?!

Je me dirige vers la porte que j'ouvre et regarde qui vient me voir de si bonne heure...

"Bonjour."

Elle en avait, des idées étranges, la directrice. Je soupirai en me massant les tempes. Bha, je ne pouvais rien y faire, hein ? Je tenais à garder mon travail, malgré les lubies de celle qui signerait mes chèques tous les mois. Oh, je n'y tenais pas pour l'argent : en tant qu'héritière de l'une des familles impériales du Japon, je n'avais vraiment pas de souci à me faire de ce côté-là. Je pouvais acheter une île si l'envie m'en prenait, du jour au lendemain. C'était dire...

Mais ce n'était pas ce qui me préoccupait pour l'instant. Bien que je sois arrivée depuis à peine dix jours, la directrice avait cru que c'était une bonne idée de m'envoyer accueillir le nouveau conseiller d'orientation. Je n'étais pourtant absolument pas sociable, elle le savait. En plus, j'étais moi-même une nouvelle. Je me demandais vraiment ce qui lui était passé par la tête, sur ce coup-là.

J'étais allée au portail, mais le surveillant m'avait dit que l'homme, nommé Ciel de Lioncourt, était déjà à l'intérieur, sans doute dans sa salle à l'heure qu'il était. Je remerciai l'homme avec un sourire tout aussi doux qu'il était faux, et tournai les talons. Grâce à Reine, je connaissais l'établissement par coeur. Je savais donc exactement où me rendre. Traverser la foule des élèves qui attendaient le début des cours tout en évitant le contact physique ne me fut pas facile mais, mis à part quelques désagréables frôlements, je finis par y parvenir. 

Je frappai délicatement à la porte. Je serrais contre ma poitrine deux livres que j'avais pris ce matin dans mes propres rayonnages. D'ailleurs, j'avais pris soin de fermer la porte à clé. Je ne supportais pas que quelqu'un puisse entrer dans la bibliothèque, dans mon antre, en mon absence. Je me conformais moi-même au rigoureux système d'organisation, que j'avais entièrement réformé à mon arrivée. J'avais eu besoin de deux jours, sans sommeil ni pause, pour y parvenir, mais c'était fait maintenant, et j'étais satisfaite.

Je regardai l'homme qui m'ouvrit la porte. La noblesse de son sang me sauta aux yeux. Peut-être même l'avais-je déjà rencontré dans les soirées mondaines. Jusqu'à mes treize ans, j'avais répondu à chaque invitation, me présentant partout. Puis j'avais été violée. Pendant un an, j'avais refusé la moindre sortie. Et, après cela, peu à peu, j'avais recommencé à répondre positif aux demandes. Mais je me tenais toujours à l'écart, seulement escortée de Shirokân, mon si cher majordome.

"Bonjour."

Je le regardais calmement. Je devais lever la tête pour ça. J'écartai une mèche noire et une mèche mauve de devant mes yeux. Ce geste m'était devenu tellement habituel... Presque réconfortant. J'étais un peu mal à l'aise, mais j'arrivais à le cacher derrière ce masque inexpressif qui était mien depuis si longtemps. Oui, c'était un homme. Mais nous étions dans une école. Il ne pouvait pas me faire de mal. Tout allait bien se passer.

- B...Bonjour. Je... Je suis la bibliothécaire, Estelle Delierre. Madame la Directrice m'envoie vous assister pour votre premier jour ici.

J'avais baissé la tête en entendant ma voix trembler. Et je restai ainsi, n'osant le regarder, attendant sa réaction.